Le 28 avril 2021, moins d’un mois après son départ du pouvoir, Issoufou Mahamadou a accordé un entretien au journal français L’Opinion. « A-t-on essayé de vous dissuader de partir ? », à cette question, l’ancien président de la République a répondu : « Des chefs d’État m’ont conseillé de rester. Des partisans m’ont aussi demandé de faire un troisième mandat en organisant des manifestations. Ils ont été interpellés par la police ». En bout de course, Issoufou Mahamadou s’est offert le prix Mo Ibrahim pour son ‘’leadership d’excellence en Afrique’’. « Comme homme et comme dirigeant, Issoufou Mahamadou est digne de tous les hommages », a dit Bazoum Mohamed dans son discours d’investiture.
Parlant du quinquennat de son dauphin, Issoufou Mahamadou a laissé entendre : « Je ne serai pas là pour le gêner mais notre complicité va se poursuivre car je tiens à ce que cette alternance réussisse. Lui et moi ferons tout pour cela ». Ne pas remodeler la Constitution pour prolonger son règne est une chose, quitter le pouvoir de manière effective en est une autre. Dans les faits, Issoufou Mahamadou ne se contente pas de faire planer son ombre sur le mandat de son successeur, il conserve l’essentiel des prérogatives qu’il a exercées 10 ans durant. C’est du moins l’avis de plus d’un Nigérien. Il faut dire que Bazoum Mohamed n’a pas manifesté sa volonté de couper le cordon ombilical avec son ‘’complice de 30 ans’’ : « Le programme électoral que j’ai soumis au peuple nigérien, sur la base duquel j’ai été élu le 21 février 2021 s’inscrit dans la continuité du travail remarquable accompli par le Président Issoufou Mahamadou. Il en consolidera les acquis en les approfondissant et il apportera les améliorations partout où cela s’avèrera nécessaire ». Près de deux (2) ans après, le chef de l’État n’arrive pas à donner de l’allant à ses actions. Il est évident que la « continuité » va à l’encontre des attentes des Nigériens dans leur ensemble et ce, dans presque tous les secteurs. Dans les domaines économiques, socio-politiques et judiciaires, le passage d’Issoufou Mahamadou au pouvoir n’est pas une référence à suivre. Pas du tout. Bazoum Mohamed s’en rend compte de jour en jour. Le président de la République n’a que la rupture comme seule et unique option si tant est qu’il aspire à quelque bilan élogieux au terme de son premier quinquennat. Bazoum Mohamed doit enterrer l’héritage politique de son prédécesseur, et le plus tôt serait le mieux. Après deux années de continuité plus ou moins assumée, l’heure est venue pour le président de la République de choisir sa voie.