La Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (Halcia) est au centre d’une polémique concernant la gestion de la plainte de M62 relative à l’affaire Uraniumgate, dans laquelle est empêtrée l’ancien président de la République, Mahamadou Issoufou, épinglé par le journal français Africa Intelligence pour avoir perçu des rétrocommissions de 2,6 millions de dollars. L’institution dirigée par Maï Moussa Bashir invoque l’article 24 de la loi n°2016-44 du 6 avril 2016 pour justifier sa décision de classer sans suite la plainte.
Selon cette disposition légale, ‘’la Halcia ne peut mener des investigations sur des faits relevant de sa compétence lorsqu’une juridiction en est déjà saisie’’. Cependant, il se pose une question cruciale : peut-on parler de dossier pendant devant le Doyen des juges d’instruction du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey sachant que la plainte n’a jamais été effective suite à un défaut de paiement de la caution exigible en matière de plainte avec constitution de partie civile ?
Monsieur Bashir, en sa qualité de magistrat et président de la Halcia, peut-il réellement ignorer ce détail technique ? Cette décision de classement sans suite, à l’impact politique indéniable, donne une mauvaise image de cette institution censée être un bastion de la justice. Elle laisse l’impression d’une Halcia faible avec les forts et forte avec les faibles.
Que reste-il de la démocratie lorsque les contre-pouvoirs censés équilibrer le pouvoir s’alignent avec ce dernier, protègent les puissants et laissent les citoyens ordinaires à la merci de leurs excès ? Cette situation devrait alarmer les Nigériens. Il ne s’agit pas seulement de s’inquiéter de la puissance de ceux qui nous gouvernent, mais de notre passivité face à une justice dérivante.
Le sparadrap du ‘’Capitaine Bachir’’ censé guérir les blessures de la corruption et de l’injustice ne colle pas. En somme, la situation actuelle soulève des interrogations majeures sur la capacité de nos institutions à assurer l’équité, la justice et à maintenir la confiance du peuple en la démocratie.
La Rédaction