Dans un article intitulé “Commentaire : Destination Niger”, publié dans le journal Le Sahel du 3 juillet 2023, l’Agence nigérienne pour l’économie numérique (ANEC) s’est autoglorifiée, affirmant que le Niger occuperait le 7ème rang des destinations africaines, devançant des villes comme Rabat, Tunis. Selon quels critères ? Etablis par qui ? L’ANEC n’a fourni aucune information pour appuyer cette affirmation audacieuse.
Un magazine français, “Voyages d’Affaires”, dont la plupart des Nigériens n’ont jamais entendu parler, aurait apparemment souligné que ce “classement est révélateur de la montée en puissance d’une destination ambitieuse”. Est-ce vraiment le cas ?
Un engouement surestimé et des retombées économiques floues
Selon l’ANEC, le Niger serait devenu une destination prisée grâce à certaines infrastructures comme la nouvelle voie express reliant le centre-ville à l’aéroport Diori Hamani de Niamey, le Centre de conférences Mahatma Gandhi, et trois hôtels privés. Ces infrastructures, bien qu’importantes, sont tout de même insignifiantes par rapport à ce que proposent d’autres capitales africaines.
L’agence attribue également la visite de personnalités politiques et hommes d’affaires de haut rang à son propre activisme. Or, les raisons de ces visites sont bien plus complexes et ne peuvent être réduites à une simple action de l’ANEC.
En outre, l’ANEC annonce avoir généré 29 milliards de F CFA de retombées économiques. Le terme “retombées” est vague et ne précise pas si cela correspond à un chiffre d’affaires ou à des bénéfices. Ce manque de transparence invite à douter de ce chiffre annoncé sans preuves tangibles.
En réalité, l’ANEC semble être une coquille vide, un moyen de récompenser un ami de longue date de l’actuel Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou. Saidil Moctar, actuel Directeur Général de l’ANEC, a été nommé à la tête de l’Agence UA Niger 2019 (ancêtre de l’ANEC) grâce à l’influence de Ouhoumoudou, à l’époque Directeur de cabinet de l’ex président Mahamadou Issoufou.
En vérité, l’ANEC, sous la direction de Saidil Moctar, reste floue sur son rôle et son impact véritable sur l’économie du Niger. Quel est le véritable apport de l’ANEC au PIB du Niger ?
Plutôt que de fanfaronner, le DG de l’ANEC devrait peut-être nous présenter un bilan détaillé de ses actions, notamment en ce qui concerne le sommet de l’Union Africaine (UA) tenu à Niamey en 2019. Combien l’agence a-t-elle récolté et dépensé pour ce sommet ? Quelle est la conclusion de l’Inspection Générale d’État (IGE) sur le sommet de l’UA, diligentée par le président Bazoum Mohamed à son arrivée au pouvoir ?
En conclusion,
l’ANEC, malgré son éloge auto-satisfaite, semble être un organisme qui laisse plus de questions que de réponses. Son classement hypothétique du Niger comme 7ème destination africaine, l’absence de critères clairs dans l’évaluation de son impact, et le manque de transparence autour de son rôle réel et de ses réalisations jettent un voile d’incertitude sur son avenir. Il est grand temps que le Directeur Général de l’ANEC, Mohamed Saidil Moctar, fasse preuve d’une plus grande transparence. Il doit rendre public son bilan, justifier ses dépenses, expliquer comment il a généré des revenus pour le pays et surtout, comment il compte faire face aux défis futurs. La réputation de l’ANEC et sa crédibilité auprès des Nigériens en dépendent.