Le mardi 22 mai 2022, le procès tant attendu de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor, s’est tenu à Dakar. Accusé de viols présumés, Sonko n’était pas présent à l’audience, un fait qui a ajouté une couche de controverse à cette affaire déjà politiquement chargée.
L’audience n’a pas réussi à établir la culpabilité de Sonko, malgré les débats houleux. Le parquet a cependant requis une lourde peine : dix ans de réclusion criminelle pour viol, ou cinq ans d’emprisonnement pour corruption de la jeunesse “si le viol n’emporte pas la conviction du juge”. De son côté, la présumée victime a réclamé 1,5 milliard de francs CFA en dommages et intérêts.
La décision de la justice sénégalaise dans cette affaire est attendue avec impatience. En effet, elle met à l’épreuve la crédibilité du système judiciaire du pays, déjà sous le feu des critiques pour sa susceptibilité aux influences politiques.
L’affaire Sonko a un parfum indéniablement politique, notamment en raison de l’implication présumée du président Macky Sall. Sonko est un candidat potentiel à la présidentielle de 2024, et certains craignent que le procès ne soit utilisé comme une arme pour neutraliser un adversaire.
La situation a atteint un point de non-retour. Macky Sall semble s’être enfermé dans une position où il ne peut plus faire marche arrière : ça passe ou ça casse. Mais cette stratégie à haut risque pourrait avoir des conséquences potentiellement explosives. Alors que le pays retient son souffle, la justice sénégalaise se trouve face à un dilemme complexe. Un jugement perçu comme impartial et juste pourrait apaiser les tensions, tandis qu’un verdict controversé pourrait mettre le feu aux poudres.
Dans ce contexte délicat, le procès de Sonko est bien plus qu’une affaire judiciaire. C’est un test pour la démocratie sénégalaise, un test de la capacité du pays à gérer des conflits politiques par des moyens légaux et pacifiques plutôt que par des manœuvres d’intimidation. Le monde observe attentivement.
La Rédaction