Plus d’une année après sa prise de fonction, il ne serait pas de trop de rappeler au président de la République la promesse la plus accrocheuse de son discours d’investiture : « […] Je voudrais dire clairement ici que quiconque a une responsabilité dans l’administration publique répondra désormais tout seul et entièrement de ses actes. Son parti politique, sa “base’’, sa famille, sa communauté ne lui seront d’aucun secours au cas où son comportement devrait commander une mesure coercitive à son encontre », a-t-il juré. C’est peu de le dire, les deux mandats d’Issoufou Mahamadou ont plongé les Nigériens dans une soif inextinguible de justice. Trop, beaucoup trop, de scandales politicofinanciers ont émaillé la décennie écoulée.
Les criminels en col blanc ont investi tous les compartiments de l’administration publique. Les pratiques corruptives se sont institutionnalisées à tous les échelons de l’État. À ses débuts, Bazoum Mohamed a donné l’impression de s’attaquer résolument au fléau de la corruption. L’on se rappelle de l’affaire dite ‘’Ibou Karadjé’’. Des mois après, ce dossier (en lien avec la gestion d’Issoufou Mahamadou) garde encore tout son mystère. Le règne de Bazoum Mohamed a très vite connu ses premiers cas de concussion présumée. Dans plusieurs de nos parutions, nous sommes revenus sur cet accord suspect autour d’un marché public au ministère de l’Élevage. Cette commande (1.218.000.000 FCFA) portant sur plusieurs millions de doses de vaccins et diluant pour animaux est truffée de zones d’ombre. Les explications fournies par les responsables du Projet Intégré de Modernisation de l’Élevage et de l’Agriculture -PIMELAN- (émetteur de la commande) n’ont pas contribué à faire la lumière sur cette affaire. Les Nigériens attendent de voir la suite que le régime de Bazoum Mohamed donnera à ce dossier. Le 7 avril 2022, le ministre de l’Élevage a rendu public l’octroi d’une commande de 90.000 tonnes d’aliments pour bétail d’un montant de 9.444.250.800 FCFA HT. Et comme dans le cas des vaccins, cette nouvelle entente constitue une source de suspicion. « À quelle entreprise ce marché a-t-il été attribué et quelles sont les entreprises consultées dans le cadre de cet appel d’offre restreint ? », c’est l’une des questions adressées au ministre de l’Élevage par le député Halifa Abdourahamane. Directement interpellé, Tidjani Idrissa Abdoulkadri saura-t-il répondre à cette sollicitation parlementaire ? Là encore, les citoyens attendent de connaître la vérité. Aujourd’hui, l’interrogation sur toutes les lèvres est : Bazoum Mohamed tolère-t-il la pègre politico-administrative ? Entre la promesse présidentielle de lutter contre la corruption et les faits, il y a un gouffre. Les mauvaises pratiques héritées de l’ère Issoufou se perpétuent à la grande déception des Nigériens.