Pagaille à tous les étages
Oumarou Dogari ne semble pas avoir la tête à s’occuper de la ville de Niamey, entraînant déception, colère et frustration des habitants de la capitale. En effet, le Maire Central est incapable d’endiguer la pagaille qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans le secteur de l’urbanisme. L’encadrement réglementaire et l’aménagement urbain ne figurent pas parmi les priorités du patron de la ville de Niamey. D’où cette anarchie dans la construction des immeubles et autres bâtiments érigés souvent sans permis de construire. Du coup, Niamey fait figure de gigantesque bidonville comparée aux autres capitales de la sous-région. Par manque d’équipements adéquats (ou du fait de leur défectuosité s’ils existent), la circulation routière à Niamey vire très régulièrement au cauchemar pour les usagers. Des feux tricolores au fonctionnement aléatoire, des routes tapissées de nids-de-poule ou carrément défoncées, les rues de la capitale sont extrêmement accidentogènes. Rien n’est fait pour améliorer le cadre de vie des Niaméens. Question : Que fait Oumarou Dogari aux commandes de l’hôtel de la Ville de Niamey ? Ne s’occupe-t-il pas plutôt prioritairement de ses ‘’petites’’ affaires ?
Le système Dogari
Nous l’avions écrit dans notre parution du 9 mai dernier (L’Enquêteur n°2756), après une longue traversée du désert consécutive à son limogeage de la mairie centrale de Niamey en 2013, Oumarou Dogari a retrouvé son immense pouvoir décisionnel. Le revoilà aux commandes d’une véritable machine à délivrer des contrats tous azimuts. Et il ne s’en prive pas, c’est le moins qu’on puisse dire. Il ne serait pas de trop de rappeler ici quelques marchés sur fond d’affairisme attribués par le patron de la ville de Niamey. Sur la période allant de janvier à avril 2022 (soit 4 mois), quelque 672.000.000 FCFA HT ont, prétendument, été injecté rien que dans la voirie. Le bénéficiaire de ces contrats est le Groupe Balarabé Assainissement sur la base des montants suivants : 158.036.975 FCFA HT, 300.000.000 FCFA HT et 213.963.025 FCFA HT. Toujours sur la période citée plus haut, les autres bénéficiaires de contrats sont : Ets Massaoudou Sadaou (19.542.9000 FCFA HT), Ets Fadelco (29.812.143 FCFA HT), Ets ASM (23.154.150 FCFA HT), Nakan Corporation et compagny (29.970.000 FCFA HT) et Jeunesse Production Plus (29.411.765 FCFA HT). On le voit, Oumarou Dogari ne chôme pas en ce qui concerne l’attribution de marchés. Le maire central de Niamey s’adonne aussi au népotisme en faisant embaucher des membres de sa famille. C’est cela le système Dogari.
Tout cela dans un contexte où le budget de la Ville de Niamey n’est pas à l’équilibre entre les recettes et les dépenses de fonctionnement.
L’histoire va-t-elle se répéter ?
Le 30 septembre 2013, Oumarou Dogari a été démis de ses fonctions suite à une décision prise en conseil des ministres. Il lui a été reproché d’avoir soumis « la ville de Niamey à un endettement irrégulier, une hypothèque irrégulière sur des biens insaisissables par nature (…) » Avec le basculement du MPN-Kiishin-Kassa dans la majorité présidentielle, l’histoire va-t-elle se répéter pour le maire central de Niamey ? Pour rappel, le 28 avril 2021, sur les 45 élus municipaux (dont 24 de Lumana et 1 de Doubara), 25 ont accordé leurs voix à Oumarou Dogari contre 20 pour son challenger Amadou Moussa Ibrahim dit ‘’Ibou Karadjé’’ (PNDS-Tarayya). C’est dire que le ‘’député-maire’’ n’a triomphé que d’une courte tête. Pour le moment, sa majorité disparate tient malgré les tensions au sein de Moden FA Lumana du fait des convictions très faibles et peu étayées d’Oumarou Dogari. Combien de temps va-t-il encore tenir ? La nouvelle donne imposée par le départ du MPN – Kiishin-Kassa de l’opposition pourrait en tout cas bouleverser les équilibres politiques. De quoi ajouter une pression supplémentaire sur Oumarou Dogari qui doit surveiller ses arrières pour ne pas revivre sa mésaventure d’il y a 9 ans.