Par un communiqué daté de ce mercredi 20 septembre, nous apprenons que le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le général Abdourahamane Tiani, a signé une ordonnance portant création, missions, composition et modalités de fonctionnement d’une Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (COLDEF). « La Commission dispose de tous les pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre les orientations du CNSP et du gouvernement relatives à la lutte contrela délinquance économique, financière et fiscale, dans le respect des lois et règlements de la République… Elle a pour mission principale le recouvrement de tous les biens publics illégalement acquis et/ou détournés », pouvait-on lire dans ce communiqué.
Par la création de cette commission, le CNSP entend concrétiser une attente forte et légitime du peuple nigérien : l’assainissement économique et financier du pays. Les Nigériens, qui ont applaudi et soutenu le coup d’Etat du 26 juillet 2023, ont soif de justice, ils exigent de voir les coupables des délits et crimes d’hier, nombreux, être interpellés pour qu’ils payent de leurs forfaitures. Malgré que les biens publics soient sacrés et inviolables, les détournements de deniers publics, la corruption sous toutes ses formes, le népotisme étaient devenus sous l’ancien régime du PNDS – Tarayya des normes. Ces maux n’ont jamais été combattus, ils ont au contraire été entretenus et même amplifiés. Les rares dossiers de corruption ficelés étaient utilisés comme un moyen de chantage politique. Il y avait une césure évidente entre les gouvernés et les gouvernants.
L’espoir de tout un peuple repose aujourd’hui sur cette Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale. Un peuple qui attend un assainissement économique et financier sans complaisance. En attendant de connaitre la composition de ladite commission, il est impérieux que ses membres soient des personnes honnêtes, intègres, compétentes et aux mains propres, car c’est une lourde responsabilité qui les attend. L’État doit aujourd’hui rentrer dans ses droits. De nombreux rapports d’enquêtes de l’Inspection générale d’Etat (IGE), de l’Inspection générale des finances (IGF), de l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT), par exemple, ne demandent qu’à être dépoussiérés. Il existe également les rapports généraux annuels de la Cour des comptes, ainsi que de nombreux dossiers au niveau de la justice qui ne sont pas jugés alors même que certains d’entre eux ont été instruits : cas de l’affaire ‘’Ibou Karadjé’’, un scandale de détournement de deniers publics portant sur plus de huit (8) milliards de francs CFA. La Commission devrait s’intéresser aussi aux exonérations fiscales accordées sous l’ancien régime, une véritable source d’enrichissement illicite. De janvier à septembre 2022, la Douane avait accordé des exonérations d’un montant de 242,84 milliards de francs CFA, plus que le cash mobilisé sur la même période. Si la COLDEF réussit sa mission, le coup d’Etat du 26 juillet aura été utile pour le Niger et son peuple.