Ce 24 septembre 2022, du haut de la tribune des Nations Unies, le Premier ministre malien par intérim a donné des « conseils aux nostalgiques de la domination. » Abdoulaye Maïga n’a pas fait dans la dentelle : « Revoyez vos copies, revoyez vos modèles, revoyez vos logiciels pour intégrer le changement de mentalités et l’évolution du monde dans vos grilles de lecture et d’analyse, sortez du passé colonial et entendez la colère, la frustration, le rejet qui remontent des villes et campagnes africaines, des populations africaines, et comprenez que ce mouvement est inexorable. Grâce au principe de la multiplication fractale, vos intimidations et vos actions subversives n’ont fait que grossir le rang des africains soucieux de préserver leur dignité́ […] », a-t-il déclaré.
Le message s’adresse autant à l’ancienne puissance coloniale qu’aux dirigeants africains qui courbent l’échine devant les Occidentaux. Le virulent chef du gouvernement malien s’en est pris ouvertement à Paris : « Les autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme », a assené Abdoulaye Maïga. C’est à croire que les juntes malienne et guinéenne se sont concertées pour sortir l’artillerie lourde. Ce 22 septembre 2022, réagissant aux propos de Umaro Sissoco Embaló, Président en exercice de la CEDEAO et président de la Guinée-Bissau, le porte-parole du régime de Conakry a déploré « une sortie irresponsable et inappropriée à l’égard du peuple souverain de Guinée ». Au colonel Amara Camara d’ajouter : « On n’est pas dans une émission de guignol ou de téléréalité ». On peut les traiter d’opportunistes ou de populistes, mais il ne fait aucun doute que les militaires au pouvoir au Mali et en Guinée sont les nouveaux portevoix d’une jeunesse africaine qui rejette en bloc les postures passéistes de la France et le larbinisme de certains dirigeants du continent. Paris doit revoir ses relations avec nos États sur la base des aspirations de liberté de choix et de décision de nos peuples.