Fort des pouvoirs exorbitants à elle accordés par le pouvoir militaire, la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (COLDEFF) semble n’en faire qu’à sa tête. Mais ses méthodes « bulldozer » ne passent pas auprès des Avocats et des Juges. Si les premiers se sont vus refuser le droit d’assister leurs clients devant la Commission, en violation du principe universel des droits de la défense, les seconds, eux, risquaient de se voir arracher les dossiers pendants devant eux. Réuni en session extraordinaire ce lundi 19 février, le Syndicat autonome des magistrats du Niger (SAMAN) entend s’élever contre ce qu’il appelle une « cabale contre l’institution judiciaire ».
« Propos impulsifs et populistes »
Le vendredi 16 février 2024, les membres de la COLDEFF sont reçus par le président du CNSP, chef de l’Etat, le général Abdourahamane Tiani. A l’issue de la rencontre, le président de la COLDEFF, le colonel Abdoul Wahid Djibo, déclare notamment : « La plupart des dossiers saillants sur lesquels la COLDEFF est attendue sont dans les tribunaux et notre ordonnance ne nous permet pas de traiter ces dossiers. Nous sommes en train de faire tout pour prendre toutes les mesures légales pour arriver à récupérer ces dossiers et les traiter conformément à la mission qui nous a été assignée par les hautes autorités de la Transition. » Cette déclaration, sans surprise, a irrité au plus haut point les magistrats. Ce lundi 19 février, le SAMAN est sorti de ses gongsss, qualifiant ces propos d’« impulsifs et populistes ». Pour le secrétaire général dudit syndicat, Doubou Yahaya, les intentions de la COLDEFF sont porteuses de périls en ce sens qu’elles « créeraient pour nos concitoyens une insécurité juridique et judiciaire ambiante et mettraient à nue la volonté de certains acteurs d’anéantir les engagements du président de la Transition » relativement à l’assainissement économique et financier tant attendu par les Nigériens. Pour Doubou Yahaya, l’institution judiciaire est la cible d’une « cabale », mais celle-ci ne passera pas avait-il promis. Et le SAMAN de mettre en garde le CNSP face au risque d’une « crise institutionnelle sans précédent » que fait planer la COLDEFF, et ce, à un moment où les Nigériens ont soif de justice.
L’appel pressant du SAMAN
L’heure est grave semblait dire le SAMAN. Pour ce syndicat, la COLDEFF n’est qu’une institution « prédatrice des droits fondamentaux des citoyens ». Aussi, la corporation des magistrats appelle, avec force, ses militants qui siègent encore à la COLDEFF de rendre le tablier « sans délai pour éviter d’être comptables de cette gageure contre le pouvoir judiciaire ». Le SAMAN appelle l’ensemble de ses militants à rester mobiliser pour faire échec aux prétentions inacceptables de la COLDEFF. Le syndicat des magistrats, convaincu que ce combat est l’affaire de tous, appelle également tous les citoyens épris de justice et soucieux de la préservation de l’Etat de droit dans notre pays à se joindre à lui. Les deux magistrats qui siègent encore à la COLDEFF répondront-ils au message de leur syndicat ? Affaire à suivre…