Le 7 avril 2011, en renvoyant le nouveau président de la République élu dans ses fonctions, la présidente du Conseil constitutionnel, Fatoumata Bazèye, a eu ces mots : « (…) C’est dans les rangs des courtisans dont les hôtes de nos palais présidentiels ont coutume de s’entourer que se recrutent thuriféraires et autres experts en avis et conseils laudatifs. Ce sont ceux-là qui disent non pas ce qui est et ce qui devrait être, mais plutôt ce qui fait plaisir au chef. » Pour appuyer ses conseils, la vénérable magistrate a sorti cet adage : « Il n’y a pas de mauvais roi mais de mauvais courtisans. » Les mises en garde de madame Bazèye n’ont pas servi de boussole à Issoufou Mahamadou. Ce dernier s’est laissé intoxiquer par les boniments de ses laudateurs. Des règlements de comptes politiques aux tours de vis contre les libertés collectives et individuelles, en passant par les avantages concédés à la clientèle politique, Issoufou Mahamadou, sous l’emprise de ses mauvais courtisans, a totalement désarticulé la démocratie nigérienne.
Des encenseurs, Bazoum Mohamed en a aussi. Entre conseillers en tout genre et autres obscurs chargés de mission, il en a recruté autant que son prédécesseur. Tout laisse deviner que ceux qui parlent à l’oreille du chef de l’État ne lui disent pas « ce qui est et ce qui devrait être ». Lentement, au fil des mois, Bazoum Mohamed s’est détaché du peuple. Aux premières semaines de sa prise de fonction, quand il a drastiquement allégé ses services de sécurité, le président de la République a séduit pas mal de monde jusque dans les rangs de ses opposants politiques. Les applaudissements n’ont pas duré, le chef de l’État est tombé dans la même paranoïa sécuritaire que son mentor. Bien que fortement contestée, l’élection de Bazoum Mohamed à la magistrature suprême a néanmoins charrié un espoir de décrispation de la scène politique nationale polluée par le règne autoritaire d’Issoufou Mahamadou. Cette attente n’est pas encore comblée, le climat politique reste tendu, Bazoum Mohamed est visiblement prisonnier de ses courtisans pêcheurs en eau trouble. Le président de la République doit savoir que malgré les scories qui ont entouré son élection, il reste et demeure le « père de la Nation ». Il doit aussi savoir que les mauvais courtisans (qui peuplent son palais) ne sont pas comptables devant les Nigériens. Faut-il également rappeler à Bazoum Mohamed que la grande impopularité d’Issoufou Mahamadou vient du fait que ce dernier s’est comporté en monarque absolu qui n’écoute que des laudateurs sans vergogne. Après 18 mois à la tête de l’État, il est temps que Bazoum Mohamed prête une oreille attentive aux récriminations et attentes de son peuple au lieu de s’abreuver des discours trompeurs de ses courtisans.