Une décennie durant, la loi n° 2004-45 du 8 juin 2004 régissant les manifestations sur la voie publique, a grandement fait les affaires du régime d’Issoufou Mahamadou. Ce dernier, tout au long de ses deux mandats, s’est servi de cette loi pour restreindre drastiquement les libertés individuelles et collectives. Soumises à l’obligation d’une déclaration préalable (5 jours francs au moins et 15 jours francs au plus, avant la date retenue), les manifestations ont été systématiquement interdites au Niger durant la décennie écoulée. « Si l’autorité investie des pouvoirs de police estime que la manifestation projetée est de nature à troubler gravement l’ordre public, elle l’interdit par un arrêté motivé qu’elle notifie immédiatement aux signataires de la déclaration au domicile élu », dit l’article 5 de la loi sus-citée. Voilà comment, en se barricadant derrière une loi restrictive, Issoufou Mahamadou a réussi à dénier aux Nigériens leur droit garanti par la constitution, celui de manifester. L’ancien président de la République a même inventé le terme ‘’société civile putschiste’’ pour qualifier les organisations apolitiques qu’il n’a pas pu domestiquer.
Les méthodes autoritaires d’Issoufou Mahamadou ont continué sous le règne de son dauphin. Bazoum Mohamed s’est appuyé sur le président du Conseil de ville de Niamey pour interdire toutes les manifestations projetées aussi bien par les partis politiques que par la société civile. Oumarou Dogari est devenu ‘’la main censureuse’’ au service du régime en place. Il est curieux de voir le député-maire rétropédaler pour la première fois depuis qu’il prête main forte au pouvoir de Bazoum Mohamed dans son entreprise de restriction des libertés individuelles et collectives. « L’interdiction de la marche suivie de meeting que projette d’organiser le Réseau Panafricain pour la Paix et le Développement (REPAD) le 18 septembre 2022, est levée », lit-on dans un arrêté signé ce 14 septembre 2022 des mains d’Oumarou Dogari. Questions : que cache cette volte-cache du patron de la ville de Niamey ? Le REPAD ne fait-il pas partie de la ‘’société civile putschiste’’ tant abhorrée par les Tarrayistes ? Autant d’interrogations qui s’entrechoquent dans l’esprit des citoyens après la publication du fameux arrêté. À l’occasion de la session du CNDP de ce 09 septembre 2022, l’opposition politique a tenté de mettre sur la table la question de l’interdiction systématique des marches. L’autorisation de marche accordée au REPAD n’est certainement pas la réponse du régime de Bazoum Mohamed aux récriminations de la CAP 20-21. D’aucuns pensent que c’est en prélude à la visite d’Emmanuel Macron au Niger que la Renaissance 3 essaye de se donner un ‘’visage plus démocratique’’. C’est bien possible. Quoi qu’il en soit, pour une fois, Oumarou Dogari ne joue pas le mauvais rôle.