Issoufou Mahamadou vient de signer un nouvel exploit, celui de ‘’mener à bien’’ une mission diplomatique de haut niveau juste dans le salon d’honneur de l’aéroport de Ouagadougou. Au sortir de son entretien avec le capitaine Ibrahim Traoré, l’ancien président nigérien et médiateur de la CEDEAO dans la crise burkinabè s’est dit ‘’satisfait’’ et d’ajouter : « Nous allons rendre compte de notre mission au président en exercice la CEDEAO et aux chefs d’État. Mais d’ores et déjà, je peux vous assurer que la CEDEAO restera aux côtés du peuple burkinabè. On va continuer à accompagner le peuple burkinabè dans cette épreuve très difficile qu’il traverse. » C’est là une antienne éculée, un verbiage déclenché à chaque soubresaut politique dans nos pays. Ce blabla ne cache pas le fait qu’Issoufou Mahamadou n’a pas été accueilli au quartier Ouaga 2000, lieu prévu pour la rencontre avec les nouvelles autorités du Faso. La raison en est que le médiateur de la CEDEAO et son équipe ne sont pas les bienvenus à Ouagadougou. Avant l’atterrissage de l’avion transportant Issoufou Mahamadou, des manifestants hostiles à sa venue ont investi certaines artères de la capitale burkinabè. « Nous ne voulons pas de cette mission.
Ils vont venir manipuler nos dirigeants », a laissé entendre un manifestant. Il est évident que la CEDEAO n’est pas la bienvenue dans le Faso du capitaine Ibrahim Traoré, mais il y a longtemps que l’ancien président du Niger est décrié dans ce pays. Le 15 juin 2022, à travers une déclaration conjointe, des partis politiques alliés membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré ont clairement fait savoir : « l’homme choisi pour conduire la méditation au Burkina par la CEDEAO a un parti pris ». Les alliés du régime de Blaise Compaoré sont convaincus du rôle éminent joué par Issoufou Mahamadou dans la crise des 30 et 31 octobre 2014 ayant provoqué la chute de leur pouvoir. « […] Des sommes colossales, des milliards de franc CFA, auraient été mis à la disposition des putschistes de 2014 » par le régime d’Issoufou Mahamadou. Les accusations vont loin : « Issoufou, au lieu d’aider à éteindre l’incendie chez le voisin, n’avait pas trouvé mieux que d’allumer le Faso avec toutes ces conséquences graves ; les incendies des biens publics et privés, les nombreuses pertes en vies humaines, l’installation de la chienlit etc. ». En un mot, le médiateur de la CEDEAO est loin de faire l’unanimité au pays de Sankara. Dans les jours à venir, la défiance vis-à-vis d’Issoufou Mahamadou va-t-elle prendre de l’ampleur dans les rues de Ouagadougou ? C’est fort possible quand on voit l’inébranlable détermination des Burkinabè à s’affranchir des diktats de la CEDEAO.