Pour conserver le pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutionnels, Issoufou Mahamadou s’est arrangé à faire élire Bazoum Mohamed à la magistrature suprême. Et le tour est joué. « Je ne m’immiscerai pas dans sa présidence mais s’il a besoin de moi, je serai toujours à ses côtés pour lui dire la vérité et lui prodiguer des conseils », aurait confié Issoufou Mahamadou (parlant de son dauphin) à certains de ses pairs africains. C’est vrai, l’ex président de la République ne s’invite pas dans les affaires de son dauphin, il fait plus que ça : il continue de gérer l’État à sa place. Issoufou Mahamadou a juste changé d’adresse, dans les faits, il reste et demeure aux commandes du Niger. Le nouveau quartier général d’Issoufou Mahamadou se situe à un jet de pierre du palais présidentiel qu’il a occupé une décennie durant, un choix qui en dit long sur sa volonté de contrôler son successeur. Issoufou Mahamadou est le seul ancien chef d’État du Niger qui bénéficie encore des services de la garde présidentielle. Le 22 juin 2022, Boukari Sabo a quitté ce monde. Cet ancien instituteur a grandement pesé dans l’accomplissement du destin d’Issoufou Mahamadou. « Sans lui, j’aurais certainement connu le sort de ces milliers de jeunes qui ont cherché le salut dans l’exode », a dit l’ex président de la République parlant de celui qui fut son premier maître d’école en 1958 à Illéla. L’on comprend la profonde reconnaissance d’Issoufou Mahamadou envers son enseignant. C’est donc par devoir de gratitude que l’ex chef de l’État s’est rendu à Maradi pour présenter ses condoléances à la famille de son défunt bienfaiteur. Sauf qu’Issoufou Mahamadou a foulé aux pieds la discrétion, l’humilité et le recueillement qu’exige pareille circonstance. C’est un hôte dérangeant qui s’est présenté aux Maradawa ce 28 juin 2022. Pour frayer un passage au cortège transportant celui qui ‘’refuse de quitter le pouvoir’’, la circulation a été purement et simplement bloquée sur tout l’axe menant au domicile du défunt. Des moyens colossaux ont été mobilisés pour offrir à Issoufou Mahamadou un accueil digne d’un président en exercice. Ce bling-bling est peut-être l’œuvre des autorités locales prises de zèle, toujours est-il qu’Issoufou Mahamadou adore ce genre de show. Bazoum Mohamed doit prendre son mal en patience, pour ainsi dire. Entre Foumakoye Gado (le fameux haut représentant du président de la République) qui se donne des allures de calife à la place du calife et Issoufou Mahamadou qui se comporte toujours en chef de l’État, Bazoum Mohamed doit certainement piquer des colères noires. L’homme qui a prêté serment ce 02 avril 2021 en qualité de président de la République élu attend toujours que son prédécesseur veille bien lui céder sa place.