La raffinerie de la SORAZ (Société de Raffinage de Zinder), inaugurée le 8 novembre 2011, représente un jalon majeur dans l’histoire énergétique du Niger. Exploitée conjointement par la China National Petroleum Corporation (CNPC) détenant 60% du capital, et l’État du Niger, possédant les 40% restants, cette installation symbolise une avancée significative dans le développement industriel du pays.
Le financement de ce projet colossal, estimé à environ 2 milliards de dollars US, a été assuré par une synergie d’investisseurs comprenant l’Exim Bank of China, la CNPC, et l’État du Niger. Cette initiative traduit l’engagement de notre pays pour une autonomie accrue en matière de produits pétroliers.
Impact fiscal et capacité de production
La SORAZ, avec sa capacité de raffinage de 20.000 barils par jour, a joué un rôle crucial dans la réduction de la dépendance du Niger aux importations pétrolières. Produisant une diversité de dérivés tels que le gazole, l’essence, et le kérosène, une partie de cette production est consommée localement tandis que l’autre est destinée à l’export, notamment vers des pays voisins comme le Mali et le Burkina Faso. Cependant, les détails exacts des recettes fiscales générées par la SORAZ pour l’État du Niger, du 8 novembre 2011 jusqu’au coup d’État du CNSP du 26 juillet 2023, restent enveloppés dans une certaine opacité.
Une gestion sujet à controverse
La gestion du pétrole nigérien, du début de la raffinerie jusqu’au renversement du président Bazoum Mohamed, a été centralisée entre les mains de l’ancien président Mahamadou Issoufou, son fidèle Foumakoye Gado (ministre du Pétrole pendant 10 ans), et par la suite son fils Abba Issoufou, ministre du Pétrole jusqu’au coup d’État de 2023. Cette période, marquée par un manque de transparence et des soupçons de gestion inappropriée, a suscité des interrogations et des appels à une enquête parlementaire, qui furent malheureusement ignorés par la majorité au pouvoir à l’époque.
Inspection et audit : vers une nouvelle ère de transparence ?
Le putsch du CNSP a catalysé un mouvement de réclamations pour un audit complet de la gestion du pétrole nigérien. Sur ordre du général Tiani, chef de l’État, une Inspection Générale d’État (IGE) est en cours. Depuis une semaine, les enquêteurs de l’IGE sont déjà sur le terrain, aidés en cela par les agents du ministère du Pétrole pour mener à bien les investigations. Cette IGE sera secondée par un audit complet mené par des experts internationaux. Cette démarche vise à lever le voile sur les zones d’ombre qui ont longtemps plané sur la gestion du pétrole durant la période de la Renaissance.
Des attentes et des espoirs
Face à ces enquêtes sans précédent, les Nigériens nourrissent l’espoir de découvrir enfin la vérité sur plusieurs questions restées en suspens : le coût réel de la raffinerie, les recettes générées, le remboursement effectué par l’État du Niger et le montant restant dû. Au-delà des chiffres, c’est la quête de justice qui anime le peuple nigérien, désireux de voir les responsables de toute malversation éventuelle rendre des comptes, quels que soient par ailleurs leurs rangs.
Ainsi se dessine un futur où la transparence et la responsabilité pourraient enfin éclairer le secteur pétrolier du Niger, longtemps embourbé dans les eaux troubles de la suspicion et de la controverse.