Au Niger comme ailleurs, il n’existe pas d’accord de non-sollicitation (ou de non-débauchage) dans le microcosme politique. En clair, les partis ne s’interdisent pas réciproquement de débaucher tout ou partie de leurs militants. C’est dire que tous les coups sont permis. Issoufou Mahamadou ne s’est imposé aucune limite en la matière. Du CDS-Rahama au Moden FA Lumana au MNSD-Nassara en passant par des partis politiques de moindre envergure, l’ancien président de la République a désarticulé toutes les formations politiques adverses à même de contrarier le règne despotique qu’il a instauré durant ses deux mandats. Abdou Labo, Albadé Abouba et récemment Noma Oumarou, ont tous roulé pour Issoufou Mahamadou dans son entreprise de fragiliser les leaders politiques qui lui ont résisté. À coup d’intrigues et de billets de banque, l’ex président de la République a réussi à réduire l’opposition politique nigérienne à sa plus simple expression. Pour accéder à la magistrature suprême, Bazoum Mohamed a tout simplement marché sur les cadavres des partis de l’opposition. Le 21 novembre 2020, lors de la présentation de la coalition formée autour de la candidature de Bazoum Mohamad, le directeur national de campagne du PNDS-Tarraya, Abba Sani Issoufou, a laissé entendre : « cette coalition qui est composée de la plupart des partis de la MRN ayant accompagné le président Issoufou Mahamadou durant ses 2 mandats, est la plus large coalition en termes de nombre de partis politiques et aussi en nombre de partis représentés à l’Assemblée Nationale. » C’est bien la preuve que le PNDS-Tarraya est parvenu à soudoyer un nombre incalculable de leaders politiques.
La Renaissance 3 est en train de perpétuer cette nauséeuse façon de faire la politique. Le régime en place n’hésite pas à débaucher même dans les rangs de ses alliés. « Je me vois, aujourd’hui, dans l’obligation de vous remettre ma démission du parti pour convenances personnelles », c’est en ces termes que Adamou Chaïfou, secrétaire général adjoint du bureau politique national et vice-président de la section de Tillabéri du parti RPP-Farilla, a fait ses adieux à sa famille politique. Pour rappel, le RPP-Farilla est l’un des fidèles soutiens du régime en place. « La révolution mange ses enfants », dit-on. Le PNDS-Tarraya en fait de même avec ses alliés. Après Ada Chaïfou, d’aucuns annoncent (pour bientôt) d’autres défections non seulement au sein des partis membres de la majorité au pouvoir mais aussi dans ceux de l’opposition politique. C’est clair, la Renaissance 3 lance ses opérations de débauchage, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. À cette allure, Bazoum Mohamed va, sous peu, se retrouver à la tête d’un grand parti unique.