En début d’année, des images montrant des hordes de mendiants Nigériens faisant la manche dans les rues de certaines capitales de la sous-région ont ‘’mis la honte’’ sur le régime de Bazoum Mohamed. Le 22 mars 2022, piqué au vif, le chef de l’État a présidé une rencontre sur la mendicité. Dans la même journée, le porte-parole du gouvernement a animé un point de presse. « […] le Niger déplore cette pratique qui jure d’avec nos valeurs sociales, religieuses », a dit Tidjani Abdoulkadri. Et d’ajouter : « […] Des instructions fermes ont été données par les plus hautes autorités du pays en vue de prendre toutes les dispositions nécessaires et utiles pour démanteler ces réseaux criminels et endiguer ce fléau ». Quelque temps après, environs un millier de mendiants Nigériens ont été rapatriés du Sénégal. Des semaines plus tard, une opération similaire a concerné quelque 562 mendiants Nigériens exerçant leur ‘’métier’’ au Ghana. Fin de la mendicité transfrontalière ? Absolument pas. Le phénomène a repris de plus belle tant au Sénégal qu’au Ghana. « Chassez le naturel, il revient au galop », dit-on.
Ce 1er novembre 2022, le Premier ministre a présidé une réunion sur la mendicité (encore et toujours !). Cette fois-ci, on évoque des ‘’nouvelles stratégies de lutte contre ce phénomène’’. « […] Nous avons instruit les Forces de Défense et de Sécurité de renforcer les contrôles aux frontières », a dit le chef du gouvernement. Ce dernier a aussi émis l’idée de « centres d’accueil pour les handicapés et les mendiants de façon à ce que lorsqu’ils sont refoulés aux frontières en attendant leur retour dans leurs villages d’origine qu’on puisse les mettre dans ces centres d’accueil ». La ‘’mesure choc’’ est sans conteste le « refus d’assistance consulaire dans les pays d’accueil pour tout mendiant qui se fera prendre une deuxième fois, ce qui l’exposera aux lois et règlements dudit pays ». Le régime de Bazoum Mohamed est dans l’incantation. Il lui manque la volonté politique de passer à l’action. Ouhoumoudou Mahamadou l’a clairement dit : « […] Il y a beaucoup de documentations sur le sujet de la mendicité, notamment le forum qui a été organisé sur la mendicité en 2015, ainsi que le récent forum organisé à Matamèye dans le canton de Kantché ». En d’autres termes, les causes premières de la mendicité au Niger ont été identifiées depuis fort longtemps. Seulement, le gouvernement n’arrive pas à s’attaquer aux racines du problème, il se focalise sur les symptômes plutôt que de se pencher sur les causes de la maladie. Il est évident que le régime de Bazoum Mohamed n’est pas près de gagner le combat contre la mendicité.