Le dramaturge Belge Gaëtan Faucer a dit : « Pour cacher la vérité, il faut la rendre grotesque ». Il y a quelque chose de grotesque dans le communiqué (postdaté) du ministère de la Défense nationale sur la frappe aérienne contre le site d’orpaillage de Tamou (Say, département de Tillabéri). On veut bien s’en tenir au bilan officiel qui est de 7 morts et 24 blessés, mais on ne peut s’empêcher de savoir de quel côté proviennent ces victimes. Sont-elles des bandits armés ou des civils travaillant sur le site ? Dans son communiqué, le gouvernement ne s’est pas encombré de détails, il a plutôt préféré entretenir le flou. « À la question de savoir si toutes ces victimes sont des jihadistes, une source au ministère de la Défense précise : Même pour les 24 blessés, nous allons déclencher une enquête pour établir leurs liens avec les terroristes », a relayé Radio France internationale (RFI). Si l’on se fie à cette information, toutes les victimes (les morts et les blessés) seraient des terroristes. En d’autres termes, aucun civil ne serait touché par les frappes ordonnées contre le site de Tamou.
Sauf qu’un autre son de cloche émane de ce brouhaha entretenu par le gouvernement : « […] Sept (7) morts sont à déplorer au niveau des populations civiles (orpailleurs) et 24 blessés qui sont admis dans les hôpitaux de Say et Niamey. Un élu local de la commune, nous a confirmé l’enterrement de 7 orpailleurs dans la journée de mardi 25 octobre 2022 », rapporte un journal d’information numérique nigérien. Alors, question : dissimulation ou mensonge ? Les deux à la fois ? Le gouvernement a-t-il fait le choix de mentir aux Nigériens ? Ce n’est pas la première fois que le régime de Bazoum Mohamed se montre dissimulateur vis-à-vis des citoyens. Suite aux évènements tragiques survenus à Téra ce 27 novembre 2021, le communiqué du ministère de l’Intérieur relate les faits en ces termes : « […] le convoi de la force française Barkhane sous escorte de la gendarmerie nationale en route pour le Mali a été bloqué par des manifestants très violents à Téra […] Dans sa tentative de se dégager elle a fait usage de la force […] Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de cette tragédie et situer les responsabilités ». Qu’est-ce qui a fait feu sur les manifestants ? La gendarmerie nigérienne ou les soldats français ? Les Nigériens se posent encore cette question. Voilà que le gouvernement renoue avec ses postures cachotières en enveloppant de brouillard ce que d’aucuns appellent le drame de Tamou.