Nous n’allons pas replonger dans les luttes syndicales parfois semi clandestines du temps colonial. Pour autant, il est de bon aloi de saluer ici la mémoire des pionniers du syndicalisme nigérien, entre autres, Djibo Bakary. On ne peut évoquer l’avènement du multipartisme au Niger sans revenir sur le rôle fondamental joué notamment par le Syndicat National des Enseignants du Niger (SNEN) et l’Union des Syndicats des Travailleurs du Niger (USTN).
De par leurs engagements, les leaders Ibrahim Mayaki (SNEN) et Laouali Moutari (USTN) avaient grandement contribué à la tenue de la Conférence nationale de 1991, point de départ de la pluralité politique dans notre pays. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. La galvanisante sève militante d’antan ne coule plus dans les veines des dirigeants syndicaux d’aujourd’hui. Fantomatiques, ces derniers ne ressemblent en rien en leurs charismatiques ainés. Le monde syndical nigérien est devenu une scène où s’agitent des marionnettes très souvent contrôlées par le politique. La comparaison n’est pas caricaturale. Loin s’en faut. Elle illustre parfaitement la réalité. Depuis le début des années 2000, nous assistons constamment à la création de syndicats plus ou moins fantoches. Si l’USTN confédérait la quasi-totalité des travailleurs du Niger, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Plusieurs structures ont poussé au gré des humeurs de quelques individus. De la Confédération Nigérienne des Travailleurs (CNT) à la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN), en passant par la Confédération Générale des Travailleurs Nigériens (CGTN), le paysage syndical national est investi par des forces qui (très généralement) s’annihilent au grand plaisir des gouvernants. Si, comme il est dit, l’union fait la force, il va sans dire que la désunion produit l’effet contraire. Pourquoi en 1990 l’USTN avait réussi à faire fléchir le pouvoir d’Ali Saïbou ? La réponse tient en deux mots : unité syndicale. Et pourquoi aujourd’hui la multitude de syndicats n’arrive pas à faire passer ses revendications les plus basiques ? La réponse tient également en deux mots : désunion syndicale. Sous d’autres cieux, les centrales syndicales sont de véritables forces à même de provoquer des séismes politiques. En Afrique du Sud, si l’ANC tient les rênes du pouvoir depuis 1994, c’est quelque part par la volonté de la puissante centrale syndicale le COSATU (Congress of South African Trade Unions). Au Niger, tant que les principaux leaders syndicaux prêchent isolement pour leurs chapelles, il est clair que les régents dicteront toujours leur volonté en ce qui concerne notamment les questions sociales. En la matière, les Tarrayistes ont aujourd’hui un boulevard devant eux. En effet, aucune force syndicale ne vient contrarier les options (très souvent) impopulaires
L’éducation, qui est l’une des priorités du président de la République, est sous-financée avec des enseignants démotivés et les résultats des élèves en baisse constante. Cette situation a des conséquences néfastes sur la jeunesse du pays, qui peine à acquérir les compétences nécessaires pour s’intégrer dans un marché du travail déjà saturé. Le système de santé n’est pas en reste. Les hôpitaux et autres structures sanitaires sont confrontés à un manque cruel de ressources et de personnels qualifiés, mettant en péril la vie de nombreux Nigériens. L’insécurité, quant à elle, gangrène le pays, avec des groupes armés non étatiques qui sévissent à travers le territoire, rendant la vie des populations de plus en plus difficile. Les difficultés économiques du Niger, exacerbées par la corruption et l’impunité, ont également un impact sur le quotidien des populations. La cherté de la vie devient insoutenable pour bon nombre de citoyens, qui peinent à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.
Face à ces enjeux, le président de la République apparaît déconnecté des réalités du pays et incapable de proposer des solutions concrètes pour améliorer la situation. Son manque de vision et d’autorité, ainsi que l’absence d’une échelle de priorités claire, sont autant d’éléments qui contribuent à la détérioration de la situation. Il est primordial que Bazoum Mohamed prenne conscience de l’urgence de la situation et agisse rapidement pour redresser la barre afin de mettre le pays sur la voie du progrès et du développement. Les Nigériens méritent un avenir meilleur et un chef d’Etat à la hauteur des défis auxquels le pays est confronté. La question est : Bazoum Mohamed est-il cet homme ? À l’heure actuelle, la réponse semble être un “NON” retentissant.