Le communiqué du ministère de la Défense nationale relatif à la frappe aérienne menée contre un site d’orpaillage à Tamou est écrit d’une plume confuse. On n’y comprend rien à rien. Entre phrases abracadabresques et grossières fautes de grammaire, le ‘’service com’’ du ministre Alkassoum Indatou a prêté le flanc à la raillerie. Selon ce communiqué qui opacifie l’évènement plus qu’il ne l’éclaire, après avoir tué deux policiers et emporté du matériel militaire, les malfrats se sont retirés sur le site d’orpaillage de Tamou pour y planquer leur butin. Toujours d’après le ministère de la Défense nationale, un repérage aérien a permis d’identifier [clairement] les bandits en pleine opération de camouflage. Après quoi, ordre a été donné de déclencher une frappe aérienne pour détruire cette « présence ennemie ». On remarque ici que le risque de victimes collatérales n’a pas été pris en compte.
D’ailleurs, le communiqué produit par Alkassoum Indatou soutient que l’assaut aérien a été proprement mené : « les reconnaissances au sol, après l’opération, ont permis de confirmer la destruction des cibles et de retrouver cinq corps (…) », lit-on dans la note. Tout laisse supposer que les dépouilles dont il est question ici sont celles des djihadistes. Mais le même communiqué souligne que les autorités administratives et militaires (en visite sur le site) n’ont trouvé « aucun corps et ont mis en évidence des traces d’une mise en scène savamment faite ». Alors question : d’où sortent les 7 personnes décédées et les 24 blessés référés dans les hôpitaux de Say et de Niamey ? La réponse est à chercher ailleurs, pas dans le communiqué du ministère de la Défense nationale. Il est évident que la frappe aérienne contre le site d’orpaillage de Tamou a fait plus de dégâts dans les rangs des civils que parmi les djihadistes présumés. Le remède a été pire que le mal, pour reprendre l’expression. Toutes proportions gardées, l’assaut mené à Tamou n’est pas sans rappeler celui du site gazier d’In Amenas en Algérie en 2013. L’intervention de l’armée algérienne s’est soldée par un carnage : 40 employés ont péri ainsi que 29 assaillants. Bien entendu, le bilan d’In Amenas est sans commune mesure avec celui de Tamou, mais le combat est le même, celui de contrer le monstre terroriste. À l’avenir, le ‘’service com’’ du ministère de la Défense nationale doit faire montre de plus de ‘’professionnalisme’’ dans la rédaction de ses communiqués. Le fait de postdater (26 octobre au lieu du 25) un document officiel (très mal rédigé, soit dit en passant) lui ôte de son crédit.