Ce 10 octobre 2022, Bazoum Mohamed s’est lancé dans un périple de 72heures dans la région de Dosso. Selon la ‘’cellule com’’ de la présidence de la République, cette visite doit permettre au chef de l’État de « tâter le pouls de la Nation, de mettre en lumière les problématiques et chercher dans l’écoute et la concertation les solutions idoines dans tous ces terroirs visités ». La démarche est à saluer à bien des égards. Seulement, les Nigériens attendent le magistrat suprême sur des chantiers nettement plus prioritaires qu’une excursion sur fond de bains de foule. Dix-huit (18) mois après sa prise de fonction, Bazoum Mohamed est à mille lieues des attentes basiques de ses administrés. Les deux mandats d’Issoufou Mahamadou ont littéralement atomisé la démocratie dans notre pays. Le peuple affiche une immense défiance envers les institutions républicaines, singulièrement la justice. Instrumentalisée à outrance, mise au service exclusif d’un régime, la justice de notre pays a vu sa réputation profondément froissée durant la décennie écoulée. « Le combat pour la justice sociale […] je le mènerai avec détermination car c’est là que se noue mon engagement moral et politique avec le peuple qui m’a fait l’honneur et le privilège de me confier sa destinée pour les 5 années à venir », a promis Bazoum Mohamed dans son discours d’investiture. Rien de cela n’est encore observable. Pire, le président de la République marche dans les pas de son prédécesseur et mentor.
Au mois de juin dernier, le Haut Commandant de la Garde Nationale, Sidi Mahamadou, est démis de ses fonctions suite à des publications sur les réseaux sociaux particulièrement désastreuses pour son image et celle de l’entité qu’il dirige. Sauf que ce limogeage n’a rien d’une sanction. Moins d’une semaine après, Sidi Mahamadou est fait conseiller technique en sécurité du Ministre de l’Intérieur. Les soupçons de mauvaise gestion qui pèsent sur l’ex Haut Commandant de la Garde Nationale restent entiers. Où donc est passée l’exigence d’exemplarité que Bazoum Mohamed répète à satiété dans ses discours ? Le fait pour le chef de l’État de visiter une laiterie à Gaya, ne figure pas sur l’échelle des priorités des Nigériens. Ces derniers aspirent, plus que tout, à un État de droit. L’une des attentes majeures des citoyens, c’est la dépolitisation de la fonction publique. Récemment, les réseaux sociaux ont véhiculé un document qui atteste la ‘’contribution financière’’ faite par un agent des Douanes à la fédération PNDS-Tarraya de Zinder. Quelques jours plus tard, ce contributeur a bénéficié d’une promotion au sein de l’administration douanière. Bazoum Mohamed a pourtant juré de mettre fin à de telles pratiques. Voyez, les vraies priorités du président de la République se situent ailleurs. Les fameuses « visites de proximité » peuvent attendre.