Nous n’avons de cesse de dire qu’une accalmie trompeuse a fait croire aux autorités nigériennes que l’hydre terroriste est au plus mal ces mois-ci. La région de Tillabéri ne connaît aucun répit. Le dernier décompte macabre est ainsi rapporté : « Sept (7) éléments de la Garde nationale ont été tués hier dimanche suite à l’explosion d’un engin explosif improvisé (EEI), à quelques kilomètres de Samira ».
Face à ce drame perpétuel, le chef de l’État a, ce 6 nombre 2021, laissé entendre devant les habitants de Banibangou : « De tous les soucis que nous avons, le souci de l’insécurité dans la région de Tillabéri est la chose qui m’empêche le plus de dormir et sur laquelle je réfléchis le plus. C’est un défi pour notre pays, c’est un défi numéro un pour moi ». Issoufou Mahamadou s’en est allé du pouvoir sans réussir à faire du Niger le ‘’tombeau de Boko Haram’’ comme il l’a promis. C’est l’une des multiples promesses jamais tenues par l’ancien président de la République. En accédant au pouvoir, Bazoum Mohamed a donné l’impression d’être parfaitement au fait de la réalité : « Dans la région de Diffa, Boko Haram a totalement déstabilisé l’économie depuis janvier 2015. En attestent les 3 chiffres suivants : 130000 réfugiés nigérians, 105000 déplacés internes et 30000 nigériens retournés du Nigeria », a-t-il déclaré dans son discours d’investiture. Très vite, le nouveau chef de l’État a été confronté aux premières attaques terroristes d’envergure de son quinquennat : « Je comprends que vous ne soyez pas satisfaits de notre rendement, de nos performances […] Celui qui doit assurer votre défense et sur lequel vous devez compter c’est l’État […] Je voudrais que vous comptiez sur l’armée du Niger c’est son travail d’assurer votre sécurité », a dit Bazoum Mohamed aux populations endeuillées de Banibangou (69 villageois ont perdu la vie dans un raid terroriste perpétré le 4 novembre 2021). Dans sa volonté de s’attaquer à l’hydre djihadiste, le président de la République a initié une série d’approches qui va de la négociation avec les chefs terroristes à l’acquisition massive de matériels de guerre et autres équipements au profit des Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Le redéploiement sur le territoire nigérien d’une partie des soldats français en provenance du Mali est une béquille supplémentaire sur laquelle s’appuie Bazoum Mohamed dans sa lutte contre le terrorisme. Le chef de l’État est-il sur la bonne voie pour résoudre ce gros casse-tête sécuritaire ? La question reste posée. Une chose est certaine, la région de Tillabéri est au creux de la vague. Le cauchemar des populations (les milliers de déplacés internes, notamment) continue.