Après une décennie passée sous les ors de la République, Issoufou Mahamadou mène aujourd’hui une véritable vie de pacha. Jusqu’à quand l’ancien président de la République va-t-il continuer de vivre aux crochets de l’État ?
Des convictions reniées
« Il y a une vie après le pouvoir, je prépare cette vie. À partir du 02 avril, j’ai l’intention de créer la Fondation Issoufou Mahamadou (FIM) », a déclaré l’ex chef de l’État quelques jours avant de passer le relais à son successeur. Issoufou Mahamadou donne à penser qu’il n’est pas un ‘’pouvoiriste’’, qu’il est à l’abri de l’ivresse de la toute-puissance dans laquelle sombrent nombre de présidents africains. Il se veut un ‘’homme du peuple’’, viscéralement attaché à ses origines. « Ne me jugez pas à l’aune des petits groupes qui s’agitent à Niamey. Pour mes deux semaines de vacances, je n’étais ni à Deauville ni sur la Côte d’Azur, mais dans le Niger profond. Faites-y un tour : mes actions y sont davantage appréciées qu’à l’extérieur », s’est défendu Issoufou Mahamadou dans les colonnes de Jeune Afrique en septembre 2015. Seulement, les dix (10) ans passés sous les ors de la République n’ont-ils pas changé le leader historique du PNDS-Tarayya ? Certainement que oui. Issoufou Mahamadou, le socialiste jusqu’au bout des ongles des années 1990, a abandonné nombre de ses convictions politiques en cours de route. Il a pris goût au pouvoir qu’il a exercé de manière hautement critiquable. Il mène aujourd’hui une véritable vie de pacha aux frais du contribuable.
Aux crochets de l’État
Issoufou Mahamadou a tellement aimé les ors de la République au point de poser ses valises d’ancien président de la République à un jet de pierre du palais qu’il a quitté (à contre-cœur, sans doute). Dans son désir d’une retraite dorée, il a bénéficié d’un gros coup de pouce de la part de Bazoum Mohamed, c’est le moins qu’on puisse dire. À l’issue du conseil des ministres du 7 octobre 2021, il a été adopté le projet de décret modifiant le décret n° 94-036 du 04 mars 1994 portant modalités d’application de la loi n° 94-003 du 03 février 1994 fixant le régime applicable à la pension des anciens présidents de la République. « un (01) logement meublé ou une indemnité mensuelle de logement d’un million (1.000.000.000) francs, un (01) véhicule officiel avec chauffeur, deux (02) véhicules de famille avec chauffeurs, deux (02) véhicules pour la sécurité, un (01) chef de cabinet, un (01) médecin personnel, un (01) secrétaire particulier, un (01) aide de camp, deux (02) boys, deux (02) cuisiniers, deux (02) jardiniers et deux (02) maîtres d’hôtel, un (01) agent de protocole et deux (02) assistants », tels sont, entre autres, les privilèges et avantages auxquels peuvent désormais prétendre tous ceux qui ont dirigé le Niger. Il est évident que ce nouveau régime a été adapté et taillé sur mesure pour répondre aux besoins spécifiques d’Issoufou Mahamadou. Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en vigueur au Niger est de 30.047 FCFA par mois. En clair, il faudrait plusieurs vies à un ‘’Smigard’’ nigérien pour toucher le montant en numéraire des avantages spécialement prévus et accordés pour garantir le fastueux train de vie d’Issoufou Mahamadou.
Multimillionnaire
À la cessation de ses fonctions, Issoufou Mahamadou a procédé à une déclaration sur l’honneur de ses biens. On y apprend, entre autres acquisitions immobilières, que l’ancien président de la République est propriétaire de deux villas en cours de construction à Gabagoura sur un terrain de 9, 143 ha, pour un coût estimé des travaux déjà exécutés de 843.007.259 FCFA. Issoufou Mahamadou possède également une maison d’habitation en matériaux définitifs bâtie sur un terrain d’une superficie de 800 m2, en zone industrielle de Tahoua, acquise en 2011 à quelque 77 601 820 FCFA. Ajoutez-y cette autre villa en construction dont la valeur finale est estimée à un montant global de 478.798.912 FCFA. La liste n’est pas finie. Aucun doute, Issoufou Mahamadou est riche en milliards FCFA. Une fortune acquise en une petite décennie d’exercice du pouvoir suprême. Question : les contribuables Nigériens vont-ils continuer à entretenir un milliardaire ? Certainement pas.n
Sidi Tiégoum