Selon les informations qui nous sont parvenues, la Chine a pris une grande part dans le paiement des salaires des fonctionnaires Nigériens de ce mois de Novembre 2023. Et sans doute aussi fera-t-elle de même pour le mois de décembre, si les choses n’évoluent pas en notre faveur. Face à cet enracinement au Sahel de l’Empire du milieu, les Européens ont déjà capitulé, seuls demeurent dans l’arène les Etats- Unis, fermement décidés, à contester à la Chine, sa prééminence dans ces contrées.
Le diable et le Bon Dieu
Quand, un 4 juillet 1776, naissent les Etats-Unis, toute l’Europe, par extension, dirions-nous, toute la planète, y compris, la Grande Bretagne (et ses tuniques rouges) s’est penchée sur son berceau avec bienveillance. La nouvelle nation qui vient de voir le jour, recèle dans ses gènes, des scories telles le racisme et d’autres maux, qui, malgré son allant positif, dénature ses actions les plus louables. Si c’est l’instinct de domination qui a scellé le sort malheureux des autochtones, les peaux rouges, c’est un altruisme innocent qui reste en arrière-pensée, et imbibe ses actions au plan international. Par exemple, leurs choix durant la première et deuxième guerre mondiale, la pression inlassable sur les pays colonialistes à donner l’indépendance à leurs colonies, les tentatives, souvent malheureuses, d’endiguer le communisme en Afrique, au Vietnam, en Amérique du Sud et partout ailleurs, y compris, en Europe. L ‘’’American way of life ‘’, petit à petit, s’est répandu sur le globe, suscitant un mimétisme et une admiration sans borne. De ce fait, les Etats-Unis ont provoqué, à leur corps défendant, des réactions de rejet, voire de répulsion, et même de révulsion, pour avoir oublié qu’on ne peut pas faire le bonheur des peuples sans leurs accords formels, comme le démontre Jean Paul Sartre dans sa pièce « le diable et le Bon Dieu ». Bien qu’il soit la première puissance économique, militaire et culturelle du monde, l’Oncle Sam irradie, ici et là, un relent d’entité paria. Il a fallu les excès d’un Donal Trump, pour que son successeur, brusquement, hérite d’une empathie créée ex nihilo, peut-on dire.
Le nouveau visage de l’Oncle Sam
A bien scruter les événements, on se rend compte que les Etats-Unis n’ont pas fondamentalement changé. L’ante et le post-Trump se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Mais alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Une sorte de maturité politique, à peine perceptible, a surgi. Une volonté manifeste de marcher, sans les béquilles des Européens, arcboutés sur leur pré carré s’est manifestée. Du reste, par des voies adéquates, cela a été officiellement porté à la connaissance des partenaires concernés. Auparavant, les Américains attendaient sagement le feu vert des Européens avant de prendre des initiatives en Afrique. Depuis une ou deux décennies, un frémissement dans l’air fait voir une nouvelle perspective, au Sahel, plus spécifiquement, au Niger. La posture émancipatrice des USA saute aux yeux. Quand Macron ne veut pas reconnaître les nouvelles Autorités de ce pays, sous prétexte que ce sont des putschistes, l’Oncle Sam lui, sans crier gare, envoie officiellement son représentant. La messe est dite. Chacun pour soi, Dieu pour tous. Pour les Américains « with God in our side » ( avec Dieu de notre côté ).Quelle est l’explication d’un tel revirement ?
Nécessité fait loi
Première puissance de la planète, les Etats Unis d’Amérique comptent le rester le plus longtemps possible. Mais la compétition est de plus en plus âpre. Apres une courte période de triomphalisme, la menace de l’ex URSS s’étant évaporée, et le Japon peinant à suivre, voilà que se profilent à l’horizon d’autres rivaux, autrement plus féroces que les premiers. La Chine populaire, bien sûr, et certains pays du BRICS, et aussi, et surtout, l’Europe, à ce jour, troisième puissance économique mondiale. Tant que la synergie, l’USA-Europe est porteuse de dynamisme, l’Oncle Sam s’en accommode, quitte à avaler quelques couleuvres, s’il le faut. Mais, à partir du moment, où, par la force des choses (accès aux matières premières vitales), le tandem se révèle brinqueballant, il est urgent de s’en détacher. Ainsi, les USA débarrassés du boulet européen, se sentent plus libres de leurs mouvements, facteur d’efficacité.
Le Niger fraternise-t-il ?
Par essence, le Niger fraternise avec tous les peuples épris de paix et de justice. Les Etats Unis d’Amérique, au Niger, ne montrent pas un autre visage. Quelque part, nous sommes prêts à croire que l’esprit pionnier de l’Américain moyen, s’accorde à merveille avec la mentalité des Sahéliens, faite d’héroïsme, de stoïcisme et de posture chevaleresque. Ce qui sous-entend une franchise totale dans les rapports interindividuels, et surtout interétatiques. Nos bras demeurent ouverts pour les Américains, tant qu’il en sera ainsi. Et tant pis pour ceux qui se mettent martel en tête. Pour autant, avoir de nouveaux amis, ne signifie pas rejeter les anciens. Du moins, pas ceux qui ne sont pas nocifs.