Le Burkina Faso et le Niger ont décidé de se retirer ‘’en toute souveraineté de l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel après un examen approfondi du fonctionnement de l’organisation’’, à travers un communiqué conjoint des gouvernements de transition militaire des deux pays, diffusé samedi 2 décembre 2023.
Dans le communiqué, les deux gouvernements motivent leur décision de retrait par la non-atteinte des objectifs qui ont présidé à la création de l’organisation, après 9 ans d’existence. ‘’Après 9 ans d’existence, l’organisation peine à atteindre ses objectifs. Pire, les ambitions légitimes de nos Etats à faire du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés est contraire à la participation au G5 Sahel sous sa forme actuelle’’, lit-on dans le document.
‘’Dans l’entendement des deux Etats, le G5 Sahel ne saurait servir des intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel, encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos Etats’’, indique le communiqué.
Pour les deux pays, il s’agit d’une responsabilité historique prise en toute lucidité, même s’ils se disent convaincus de ‘’la nécessité d’un engagement solidaire de nos Etats dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière ainsi que pour le développement’’ pour ‘’la réalisation d’une paix durable dans l’espace sahélien’’.
Raison pour laquelle le Burkina Faso et le Niger promettent de maintenir ‘’leur dynamique de coopération notamment au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES)’’ pour faire de l’espace sahélien ‘’un espace de souveraineté assumée pour la reconquête de nos territoires et la restauration de la paix et de la sécurité, gage d’un développement partagé pour les peuples du Sahel’’.
Doté d’une force de 5.000 hommes issus des 5 pays membres, le G5 Sahel a été créé, rappelle-t-on, le 19 décembre par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad en vue de mutualiser les capacités et moyens de ses membres ‘’pour faire du Sahel un espace de sécurité et de développement’’.
Mais il n’a jamais été pleinement opérationnel sur le terrain jusqu’à ce retrait du Burkina Faso et du Niger, par manque de moyens financiers conséquents pour atteindre ses objectifs, du fait de la réticence de la communauté internationale à délier le cordon de la bourse.
Un sommet de ses dirigeants, organisé en juillet 2017 à Bamako (Mali), avait arrêté le budget de fonctionnement de sa force conjointe dédiée à la lutte contre les Jihadistes à quelques 423 millions d’euros, établissant la participation de chacun des Etats membres à la mobilisation de ce budget à 10 millions euros, soit un total de 50 millions d’euros. Le reste du montant devant être recherché auprès des Partenaires techniques et financiers (PTF) qui soutiennent l’initiative dont la France en tête.
A l’occasion de cette rencontre de Bamako, l’Union européenne avait notamment annoncé une contribution à hauteur de 50 millions d’euros au budget tandis que le président français Macron promettait, de son côté, de doter la force de 70 véhicules tactiques et un appui opérationnel.
Face à la lenteur dans la mobilisation des ressources par les partenaires, les dirigeants de l’organisation se sont retournés vers l’ONU dans l’espoir d’obtenir le placement de la force sous le chapitre 7 du mandat de l’organisation. Peine perdue ! Bamako s’est retiré de l’organisation en mai 2022, brandissant comme argument ‘’son instrumentalisation’’ par l’extérieur. 19 mois après le retrait de Bamako de l’instance, c’est sur la base du même constat que Niamey et Ouaga ont décidé de prendre leurs distances vis-à-vis du G5 Sahel.
Sans la désigner nommément, cette main extérieure ne peut être que celle de la France qui a décidé de nous créer des misères à cause de notre détermination à nous extraire de son joug impérialiste. Elle doit désormais trouver un autre nom à son machin, car avec le retrait du Burkina Faso et du Niger, l’organisation cesse, de facto, d’exister ; la Mauritanie et le Tchad n’étant pas des pays véritablement infestés par les groupes terroristes.