La mise en service du pipeline d’exportation de pétrole brut Niger – Bénin est prévue pour le 1er octobre 2023 au cours d’une cérémonie officielle prévue sur le territoire nigérien. L’annonce a été faite au Bénin ce 06 juin par le Directeur des Hydrocarbures au ministère du Pétrole nigérien lors d’une cérémonie qui consacre l’achèvement des travaux de construction de la station terminale de Sèmè Kraké (le terminal offshore et le quai des bateaux). Cet achèvement constitue un pas décisif dans la mise en œuvre de ce projet qui est une première en Afrique. Sur le plan technique, ce terminal offshore comprend deux oléoducs sous-marins d’environ 14 kilomètres chacun avec un diamètre de 711 millimètres, de système d’emballage de 160.000 tonnes et ses composants de support. Les travaux de construction du terminal offshore, lancés le 24 Août 2021, ont été achevés le 30 avril 2023.
En attendant la mise en service de ce pipeline, les observateurs s’interrogent déjà de savoir si le Niger saura tirer les revenus escomptés de cette exportation de pétrole par le Bénin. Officiellement, il est attendu que le secteur pétrolier soit, à l’horizon 2025, le « moteur » de l’économie du Niger, contribuant à « 24% pour le PIB, 45% des recettes fiscales, 68% des exportations et 8 à 12% des emplois salariés formels du pays. » Si le Niger était étroitement associé à l’exploitation et à l’exportation du pétrole, il pourrait en tirer de substantielles retombées financières. Mais le pays avait-il les compétences nécessaires en matière d’industrie pétrolière ? Ce 31 mai 2023, le Secrétaire général du Ministère des Affaires étrangères adressait une correspondance à tous les chefs de missions diplomatiques et postes consulaires du Niger aux fins d’« identification des compétences nigériennes dans le domaine de l’industrie pétrolière. » Par ailleurs, les Chinois, qui ont toujours su imposer leurs volontés aux autorités nigériennes, déclarent ce qu’ils veulent bien déclarer en termes de production pétrolière et de comptabilité. La transparence fiscale, une composante essentielle d’une industrie pétrolière équitable et durable, qui permet aux citoyens de voir ce qui a réellement été payé, est leur talon d’Achille. Une fois, une vérification générale de comptabilité avait conduit à un redressement fiscal de SORAZ de 45.090.216.948 F CFA, qui sera finalement ramené à 11.272.554.237 F CFA. Une autre fois, c’est un redressement de 43 milliards de francs, qui lui aussi sera ramené à 27,3 milliards. Les exemples, il en existe beaucoup. Pour que le pétrole profite pleinement au Niger, le gouvernement devrait être décidé à préserver les intérêts nigériens dans l’exportation du brut d’Agadem’’.