« Situation critique à Assamaka » ; « Dans l’enfer du camp de migrants d’Assamaka » ; « Inquiétude sur le sort des migrants à Assamaka », malgré elle, la bourgade perdue au fin fond du désert nigérien est devenue un sujet largement traité dans les médias internationaux ces jours-ci. Chaque semaine, des centaines de migrants franchissent la barrière du ‘’camp d’Assamaka’’ sous administration de l’organisation internationale pour les migrations. Des infortunés livrés à eux-mêmes, rapportent les médias.
En acceptant de devenir le gendarme de l’Europe dans sa lutte contre la migration irrégulière, le Niger prend une part active dans la tragédie humaine qui se joue aux portes du Sahara. Appâtées par les millions d’euros du Fonds fiduciaire pour l’Afrique lancé en 2015, nos autorités ont accepté de jouer avec zèle leur partition consistant à tarir les flux des candidats au départ. Le revers de cette politique est un véritable drame : ‘’Selon les autorités régionales d’Agadez, depuis le début de l’année, plus de 5.000 migrants en situation de vulnérabilité, composés d’hommes, de femmes, d’enfants, de personnes âgées, sont arrivés à Assamaka, un village situé à 15 kilomètres de la frontière algérienne, dans la région d’Agadez. Les migrants sont essentiellement originaires de l’Afrique sub-saharienne, avec plus de 90 pour cent de ressortissants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Si le phénomène n’est pas nouveau, il a toutefois pris une plus grande ampleur durant les premiers mois de l’année 2023. Le nombre de migrants bloqués au Niger demandant l’assistance de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a augmenté de 35 pour cent en 2022, année durant laquelle plus de 17. 000 migrants ont été assistés par l’OIM, par rapport à 2021 et continue d’augmenter en 2023. En 2023, entre janvier et mars, 2.153 migrants ont déjà été assistés dans les centres de transit et 1.959 ont bénéficié d’une aide au retour volontaire’’, lit-on dans un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). Il est évident que notre pays à une part de responsabilité dans la catastrophe en cours à Assamaka. En août 2017, dans un entretien au journal Le Point, Issoufou Mahamadou a laissé entendre : « Je suis satisfait des engagements financiers de l’Union européenne. Ils se situent sur deux plans : premièrement, sur une coopération classique, qui porte sur plus de 600 millions d’euros de conventions signés aujourd’hui dans des secteurs prioritaires pour le Niger ». Voilà comment et pourquoi des milliers de personnes refoulées d’Algérie se retrouvent prises au piège à Assamaka dans l’indifférence de la communauté internationale.