Inaugurée le 8 novembre 2011, la Société de Raffinage de Zinder (SORAZ) est le fruit d’une collaboration sino-nigérienne, la China National Petroleum Corporation (CNPC) et l’État du Niger se partageant le capital dans une répartition de 60% et 40% respectivement. Avec un financement avoisinant les 2 milliards de dollars US, la SORAZ, affichant une capacité de raffinage de 20.000 barils par jour, se dresse comme un pilier central dans la production de dérivés pétroliers, alimentant aussi bien le marché local que les exportations vers les pays limitrophes tels que le Mali et le Burkina Faso.
Toutefois, la gestion centralisée du pétrole nigérien, aux mains de l’ancien président Mahamadou Issoufou, de son fidèle Foumakoye Gado, ministre du Pétrole pendant une décennie, et ensuite de son fils Abba Issoufou, ministre du Pétrole jusqu’au renversement du président Bazoum Mohamed, fut empreinte d’une opacité troublante et d’accusations de gestion peu orthodoxe. Malgré les appels répétés pour une enquête parlementaire, la majorité gouvernementale d’alors fit la sourde oreille, laissant un voile de mystère sur les revenus fiscaux exacts générés par la SORAZ pour le compte de l’État du Niger.
Le coup d’État du CNSP en 2023 a, tel un catalyseur, éveillé un désir fervent d’une transparence totale. L’audit diligenté par l’Inspection Générale d’État (IGE) sur ordre du général Tiani, chef de l’État, fait craindre aux dirigeants de la SORAZ d’éventuelles révélations compromettantes. Et c’est dans cette atmosphère électrique que la SORAZ a choisi de mettre en demeure la Société Nigérienne de Pétrole (SONIDEP), exigeant le règlement d’impayés s’élevant à quelque 500 millions de dollars US. Cette revendication, survenant dans un timing aussi suspect qu’inopportun, et dont la légitimité du montant est encore sujette à caution, ne pourrait-elle pas être interprétée comme une manœuvre de diversion, voire de chantage, face à l’enquête menaçante de l’IGE ?
Il est inacceptable que la SORAZ, dans un mouvement apparent de panique face à la probabilité d’un dévoilement de ses turpitudes, tente d’exercer une forme de pression sur la SONIDEP. Cette manœuvre, plutôt que de dissiper les doutes, ne fait qu’accentuer les soupçons autour de la gestion de la SORAZ. Elle est contre les actions de transparence initiées par le pouvoir en place, et jette un discrédit notoire sur l’intégrité de ses dirigeants. Elle expose de surcroît les failles d’un système corrompu où les intérêts économiques semblent parfois s’affranchir des principes de responsabilité et de reddition de comptes.
En définitive, cette mise en demeure, bien loin de refléter une simple transaction commerciale, s’apparente à une riposte maladroite à un processus d’audit nécessaire et longtemps attendu par le peuple nigérien.