Depuis son accession au pouvoir, Bazoum Mohamed se pose en interlocuteur privilégié de la France dans notre sous-région. Le président nigérien est un irréductible ‘’franco-compatible’’, et il l’affiche sans complexe, comme il aime à le dire. Au mois de mai dernier, à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à deux médias français, il a été posé à Bazoum Mohamed la question : Si la présence française est plus conséquente, ne craignez-vous pas que cela nourrisse le ‘’sentiment antifrançais’’ dans les pays du Sahel ? La réponse du président de la République a été : « Sur les réseaux sociaux, le sentiment antifrançais ne peut pas s’étendre davantage. Tout l’espace possible pour exprimer la haine de la France est occupé en raison du travail remarquable des officines mobilisées derrière ce courant. Mais, sur le terrain, les populations du Niger comme du Burkina et du Mali n’ont pas ce problème […] », a déclaré le chef de l’État. On le voit, Bazoum Mohamed ne peut se détacher de sa posture consistant à nier systématiquement le rejet des troupes tricolores par les populations du Sahel. Au Niger, ceux qui s’opposent à la présence des soldats français sur notre sol n’en démordent pas.
Ce 03 août 2022, une quinzaine d’organisations de la société civile nigérienne ont lancé un mouvement dénommé M62 : « Union sacrée pour la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité du peuple. » Tout un programme. « Considérant les multiples assassinats de nos populations civiles par la force Barkhane chassée du Mali et illégalement présente sur notre territoire qu’elle estime conquis pour matérialiser son dessein funèbre de déstabilisation du Sahel, réitérons notre opposition à la présence militaire française dans notre pays et exigeons son départ immédiat », a fait savoir la toute nouvelle structure. Et de lancer un appel « à tous les syndicats, les organisations de la société civile, les universitaires, les hommes des médias, les transporteurs, les agriculteurs, les éleveurs et les leaders religieux » à venir grossir le mouvement « pour la défense et la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité du peuple dangereusement menacées ». Les membres du M62 ont de la détermination à en revendre, c’est le moins qu’on puisse dire. La question est de savoir jusqu’où ira cette opiniâtreté ? On a vu la vitesse inouïe avec laquelle nombre de mouvements citoyens ou associatifs se sont éteints au Niger avant même d’engager leurs premières luttes. Ne faut-il pas craindre la même trajectoire pour le M62 ? Attendons de voir la journée de protestation du 17 août prochain que le M62 projette d’organiser sur l’ensemble du territoire national. La survie et la crédibilité du mouvement se joueront ce jour-là.