Avec toutes ces rencontres programmées à Bamako, Ouagadougou et Niamey au niveau des experts, des Ministres et aussi des chefs d’Etats, ces jours-ci, le lecteur subodore que les lignes vont sensiblement bouger dans le Sahel et, par voie de conséquence, en Afrique de l’Ouest. Pour commencer…
Tout a débuté par un acte reflexe de solidarité, presque anodin, quand le Mali et le Burkina ont déclaré qu’une intervention militaire de la CEDEAO contre le Niger sera considérée comme une attaque contre eux, et suscitera de leur part la riposte qui convient. Peut-on exprimer mieux que cela une convergence de vues et de destins ? Que peut-on faire de plus qui ne soit que paperasserie et discours lénifiants ? Cet acte fondateur présumait de tout ce qui allait suivre et qui se trouvait dans l’ADN des peuples respectifs de ces trois (3) pays.
L’heure des choix
Sans verser dans un manichéisme de mauvais aloi, on doit cependant prendre conscience que l’on ne peut aller au front en tenant des discours mielleux, soporifiques. En temps de guerre, l’espace des libertés individuelles est forcément réduit. Comment concilier cette nécessité stratégique et la liberté d’expression, socle majeur d’une démocratie de type libéral ? Si c’est une question de dosage, où placer le curseur ? En réalité, si l’on est lucide, on sait qu’il y’a un moment où le choix doit être clair, net, et sans fioritures. Nous en sommes là aujourd’hui. Le problème est que si l’on se dresse contre la situation exécrable que nous vivons, très objectivement, nous allons jouer le jeu de l’extérieur, des contempteurs du CNSP et donc, des dénigreurs de la dynamique de recouvrement de notre souveraineté nationale. Et si nous fermons les yeux sur la souffrance du peuple, objectivement, nous optons pour une auto-censure, toxique pour la liberté d’expression et l’épanouissement du peuple. A moins d’être stipendié par des intérêts extérieurs ou mû, par un nationalisme étriqué, borné, on doit être en ce moment sur son quant à- soi, c’est-à-dire, dans une prudente expectative.
Les forces centripètes
Ne vous y trompez pas. Soit vous êtes dans l’élan des forces centrifuges qui désapprouvent le putsch du 26 juillet 2023 et toutes ses inductions, soit vous vous positionnez avec les forces centripètes résilientes prêtes à tous les sacrifices, y compris l’ultime, pour que tout retour en arrière ne soit plus possible. Inexorablement, quel que soit votre qualité d’équilibriste, vous devriez, aujourd’hui, vous déterminer pour l’une ou l’autre mouvance. Toute autre posture ne peut être opérante, à fortiori, probante. Et si jusqu’ici vous êtes encore indécis, nageant dans un état de flottement, essayez le test ci-après qui vous ouvrira les yeux.
– 1. Etes-vous heureux du départ des troupes étrangères européennes et onusiennes de nos trois pays, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ?
– 2. Etes-vous heureux de la création de l’Alliance des Etats du Sahel ?
– 3. Etes-vous heureux de la montée en puissance des armées de nos trois pays dont la prise de Kidal, ville symbole, est une concrétisation indiscutable ?
Si vous répondez à ces trois questions positivement, il ne fait aucun doute que vous êtes un patriote Africain, prêt à payer le prix qu’exige le combat entamé. Et si au contraire, vous répondez trois fois non, il va sans dire, que vous faites partie des forces négatives, centrifuges, téléguidées ou stipendiées par l’extérieur.
Le sens du sacrifice
Personne n’aime, sans y être obligé, sortir de sa zone de confort, pour quelque raison que ce soit. Mais tout le monde sait aussi qu’en cas de guerre, de menaces directes sur l’intégrité du territoire et la survie de la nation, tout calcul egocentrique paraîtrait indécent, pour ne pas dire criminel, voire une trahison envers la patrie. Chacun doit être mobilisé dans l’intérêt général de la sauvegarde des acquis du combat du plus grand nombre. Cela veut dire être prêt au sacrifice ultime, comme n’importe lequel de nos compatriotes. C’est ce qu’exalte l’Hymne national et le drapeau Nigérien. Se croire au-dessus de ce devoir sacré, au nom d’idées confuses, inculquées par des agents étrangers, ou Nigériens à la solde de l’Etranger, c’est reconnaître que l’on se met hors la loi, hors de la société. On s’accepte comme apatride. Ne pas en être conscient est encore plus coupable. ‘’Ils’’ vont certainement essayer de vous faire prendre des vessies pour de lanternes. ‘’Ils’’ vous ont toujours pris pour des nigauds, prêts à tout gober. ‘’Ils’’ vous serviront des tas de sornettes sur la démocratie (laquelle ?) et les droits de l’homme (en oubliant gaillardement les droits des peuples) auxquels eux-mêmes ont cessé de croire, mais qu’ils brandissent, où et quand, ça les arrange. Alors, cessons de nous jouer la comédie. Choisissons notre camp et assumons notre choix ; devant Dieu et devant les Hommes.