Cette initiative des autorités de la transition consistant à commander du sucre sur fonds propres de l’Etat pour le commercialiser en détail à un prix raisonnable aurait pu permettre effectivement de soulager les consommateurs si elle était intervenue la veille du démarrage du jeûne ou même durant la première décade du mois béni de Ramadan. La quantité de sucre réceptionnée la semaine dernière à Niamey dans le cadre de l’initiative est de 1600 tonnes achetées au Burkina Faso voisin, apprend-on.
Selon le Directeur général de l’OPVN, le colonel Mohamed Sidi, réceptionnant la marchandise, ce sucre sera directement acheminé au niveau des points de vente à Niamey, Dosso et Tillabéri principalement, pour être vendu aux populations à 21.000 Fcfa le carton de sucre carreaux de 40 mini-paquets et 12.500 Fcfa le sac de 25 kg de sucre en poudre, soit 500 Fcfa le kilogramme. Concernant le sucre carreaux, la vente se fait par carton en raison de la particularité des paquets qui ne sont pas conventionnels. Par contre, le sucre en poudre peut s’acheter en sachet d’un kilogramme à 500 Fcfa par les ménages au pouvoir d’achat limité.
Dans le cadre de cette initiative gouvernementale visant à alléger les souffrances des consommateurs durant ce mois béni, il est également prévu la vente de riz en sac de 25kg à 12.500 Fcfa, mais le produit n’est pas encore disponible au niveau des points de vente qui se trouvent être les dépôts de la société Riz du Niger (RINI) disséminés dans les quartiers de Niamey, selon notre constat.
‘’Pour le moment, c’est juste le sucre en carton et en farine qu’on nous a livrés, le riz n’est pas encore disponible’’, déclare ce gérant d’un dépôt de la RINI au quartier Bassora, déplorant une faible affluence de la clientèle qu’il impute à l’intervention tardive de l’initiative. ‘’Les clients ne se bousculent pas parce qu’on tend vers la fin du jeûne, nous avons entamé la dernière décade du mois béni et l’engouement pour le sucre s’est progressivement émoussé’’, justifie-t-il.
Pour lui, cette initiative des autorités de la transition aurait eu un succès éclatant si elle était intervenue la veille où durant la première décade du mois où la demande du sucre est très forte. ‘’Elle aurait pu, en ce moment, permettre de contenir la surenchère à laquelle se sont adonnés les commerçants, créant des pénuries artificielles pour vendre le produit très cher’’, estime-t-il.
Sur le marché, le prix du carton de sucre a atteint ce Ramadan le pic de 38/40.000 francs tandis que celui du sac de 25kg a franchi la barre de 25.000 francs, à prendre ou à laisser. Comme à l’accoutumée, les commerçants ont abusé de la confiance des autorités de tutelle, miroitant à quelques jours du Ramadan, la disponibilité à profusion du produit dans les magasins, dissipant toute crainte d’une quelconque rupture de stocks.
Mieux, ils ont rassuré de la stabilité des prix pour permettre aux consommateurs de passer un bon mois de Ramadan. A l’épreuve des faits, aucune de ces promesses n’a été tenue et c’est ce qui a contraint, on s’en doute, le CNSP et le gouvernement à s’impliquer directement dans cette commercialisation du sucre, qui intervient, hélas, tardivement. Le Ramadan tirant à sa fin, le sucre n’est plus une priorité pour les ménages qui raisonnent actuellement en termes de comment habiller les enfants et comment assurer le repas de fête, qui sont des postes de dépenses incompressibles.
Il y a donc fort à craindre qu’une quantité importante de ce sucre commandé et mis en vente à un prix raisonnable au profit des consommateurs par les autorités de transition ne soit rachetée et emmagasinée par les commerçants pour le vendre plus cher après le Ramadan. Le DG de l’OPVN a, certes, rassuré que ‘’ des dispositions sont prises pour que ce sucre ne se retrouve pas sur le marché’’, conformément à la volonté du président du CNSP.
Mais comment y parvenir quand la commercialisation du produit au niveau des dépôts de vente de la RINI n’est assujettie à aucune réglementation contraignante ? Dès lors que le client peut acheter jusqu’à deux cartons ou deux sacs de sucre sans aucune suspicion, il est loisible pour les commerçants véreux de se constituer un bon stock avant la fin de l’opération, en mettant à contribution des jeunes gens pour l’achat du sucre au niveau des dépôts de vente agréés, moyennant une modique rétribution. A moins évidemment de mettre un mécanisme de contrôle en place, rien ne pourra empêcher l’écoulement du produit à un coût élevé après le Ramadan.