Incapable de se redéployer sur le terrain politique après les dernières élections générales, frileuse et sans perspectives, en total déphasage avec ses troupes, l’opposition politique nigérienne [ou du moins ce qu’il en reste], tend vers un crash inéluctable. À l’occasion de ses 100 jours au pouvoir, Bazoum Mohamed a été clair : « à partir du moment où ils ont dit qu’ils [les opposants] ne me reconnaissent pas comme président de la République, ils m’ont facilité la tâche. Donc, je ne me sens aucun devoir à leur égard […] Ce n’est pas nécessaire à ce que je les rencontre ».
Pendant de très longs mois, Mahamane Ousmane a fait croire aux militants de l’opposition qu’il tient le bon bout dans le bras de fer judiciaire qui l’oppose à Bazoum Mohamed. En vérité, l’ancien chef de l’État n’a fait que brandir une boîte à leurres dans le seul but d’éviter une dispersion accélérée de ses soutiens. Où est passée l’opposition politique nigérienne ? Où se terrent les leaders de la Coalition CAP 20-21, ACC, FRC et Alliés ? Où se cachent ceux qui sont censés apporter la contradiction au régime en place ? Ceux qui se prévalent du sceau de la légitimité populaire, où se planquent-ils ? Ces questions (et tant d’autres) sont récurrentes dans le débat politique national depuis des lustres. Il est clair que Mahamane Ousmane et compagnie ont déserté la sphère politique de notre pays. Ils se sont ‘’auto confinés’’, pour reprendre l’expression railleuse de Bazoum Mohamed. Pourtant, ce ne sont pas les sujets de débats politiques qui manquent. Ce 27 juillet 2021, lors d’une de leurs rares et ternes sorties médiatique, les leaders de l’opposition politique ont fait un véritable aveu d’impuissance : « Nous comprenons aisément les inquiétudes suscitées auprès de nos militantes et militants par le silence observé par notre Coalition après le hold-up électoral perpétré par le régime ayant pour conséquences directes, le déni de démocratie, de justice et de l’État de droit dans notre cher pays », ont-ils confessé. En vérité, le mot ‘’inquiétude’’ n’est sied pas ici. Les militants de l’opposition sont plutôt ‘’déçus’’ (au plus haut point) de leurs dirigeants. Dans leur pathétique déclaration, les prétendus adversaires du régime en place ont laissé entendre : « La Coalition CAP20-21/ACC/FRC et Alliés ne reconnait pas l’élection de Bazoum Mohamed à la Présidence de la République du Niger (…) Cette position, nous la maintenons sans ambiguïté aucune. » Comme si cette litanie pouvait troubler les nuits du chef de l’État qui entame sa troisième année de gouvernance. Si elle ne se réinvente pas, l’opposition politique nigérienne risque (sous peu) de disparaître corps et âme.