Hama Amadou est un homme politique meurtri, au sens large du terme. Le destin politique de l’ancien président de l’Assemblée nationale a été maintes fois contrarié. « […] vous m’avez désigné comme votre candidat de 2021. Je serai, par la grâce de Dieu, candidat. Personne sur terre ne saurait l’empêcher ou il sera lui-même empêché », a-t-il promis à ses militants le 13 mai 2018. Ça été un autre rendez-vous manqué avec l’histoire pour l’ex Premier ministre de Tandja Mamadou. L’inimitié et la rancune d’Issoufou Mahamadou sont tenaces, une fois de plus, elles ont eu raison des ambitions politiques de Hama Amadou. Ce dernier a raté le coche de la présidentielle, a atterri dans une cellule de prison pour finir en exil. Malgré tout, le leader du Moden FA Lumana n’en demeure pas moins l’âme de l’opposition politique nigérienne. À 72 ans, l’ancien allié d’Issoufou Mahamadou a-t-il encore les ressources physiques et psychologiques pour mener d’autres combats politiques ? Cette question en cache une autre, celle de savoir jusqu’où ira l’unité dans les rangs de la Coalition CAP 20-21 ? On ne peut blâmer le Moden FA Lumana de s’inscrire, comme d’aucuns le pensent, dans une logique d’apaisement avec le pouvoir en place. La facture des violences postélectorales de février 2021 a été particulièrement salée pour le parti de Hama Amadou dont plusieurs cadres et militants gardent encore prison.
Le Moden FA Lumana est dans une position politiquement intenable. L’exil n’est pas l’option idéale pour Hama Amadou, tout comme la prison ne l’est pas pour Moumouni Boureïma, Seydou Tahirou et tant d’autres militants du Moden FA Lumana. On l’a vu, le principal parti d’opposition ne s’est pas fait prier pour participer à la session du Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) de ce 9 septembre 2022. Dans les rangs de la CAP 20-21, certains leaders n’ont pas caché leur désappointement devant l’attitude conciliante que le parti de Hama Amadou affiche à l’endroit du régime en place. On ne peut accuser le Moden FA Lumana de flirter ouvertement avec Bazoum Mohamed, mais il reste ouvert à ‘’toutes les offres’’ comme disent nombre d’observateurs. La CAP 20-21 ne fonce-t-elle pas vers une zone de turbulences ? Dans les prochaines semaines, il est fort possible que les dissensions s’accentuent au sein de l’opposition politique nigérienne. De plus en plus, une divergence d’intérêt s’installe entre les membres de la Coalition. L’implosion est-elle proche ? Ibrahim Yacouba a quitté la CAP 20-21 pour grossir les rangs de la majorité au pouvoir, il est bien possible que d’autres opposants en fasse de même. Après tout, à chacun ses intérêts.