Si vous la rencontrez, dites-lui, que des amis la demande. En effet, du général De Gaulle à Jacques Chirac, nous étions, nous Africains, plus ou moins en phase, (malgré quelques grincements de dents), dans nos relations avec l’ex puissance tutrice. C’est vrai qu’un personnage de l’envergure du Général De Gaulle, ne peut naître dans un même pays tous les siècles. C’est vrai que l’homme historique susdit, avait son épée de Damoclès (Jacques Foccart) suspendu au-dessus de la tête de la plupart de nos dirigeants Africains, mais il pouvait faire montre incontestablement de respect pour nos peuples.
Il ne s’abaissait jamais à tremper, de près ou de loin, dans les basses œuvres de son homme de l’ombre. Aucun Africain ne songe aujourd’hui à l’enlever du piédestal sur lequel il est rivé. Certes, il pouvait traiter un Bokassa de soudard, ou vouloir optimiser la relation néocolonialiste existante, mais, plus que quiconque, il savait quel a été le rôle prépondérant des subsahariens dans son irrésistible ascension. De Gaulle, forever ! Difficilement remplaçable. Tant et si bien que ses successeurs, George Pompidou, Valery Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac ont conduit honorablement la barque, faisant chacun de son mieux. Mais tout a commencé à se déglinguer avec Nicolas Sarkozy et à empirer avec ses successeurs. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Le sentiment anti-Français réel et persistant, vient de là.
Genèse d’un sentiment toxique
Les observateurs n’ont pas pris très au sérieux les impacts des impairs de Sarkosy sur la posture mentale des Africains. Ceux-ci, malgré toutes leurs faiblesses, pouvaient se targuer d’être respectés. Exploités… mais respectés ! Voilà que débarque ex-nihilo un président a la mentalité frisant celle des mafieux. Quand, par exemple, il dit à Jean Ping alors patron de l’Union Africaine, de « la fermer ! », chacun de nous a pris cette insulte directement pour lui-même. Un tel irrespect nécessitait une gifle en guise de réponse, advienne que pourra. Quand il traite les Noirs d’attardés (« vous n’êtes pas encore entrés dans l’histoire »), il aurait dû être déclaré persona non grata partout sur le continent. Que faut-il de plus pour que naisse un sentiment anti-Sarkozy et, par ricochet, un sentiment anti-français. Nul besoin d’attendre les conséquences désastreuses de ses interventions egocentriques en Libye, semant, désolation et massacres d’innocentes victimes. Peut-on endiguer une telle dérive contre-productive ? Ses successeurs pourront-ils, cahin caha, redresser le tir ?
Deux successeurs plus ou moins abouliques
Le président « exemplaire » François Hollande quant à lui, n’a été, semble-t-il, appelé aux affaires que pour instituer le mariage pour tous. Un petit tour et puis s’en va. Les évènements du Mali lui ont donné une occasion en or de lustrer le blason de son pays en bloquant une déferlante djihadiste qui fonçait sur Bamako. Mais il n’a pas eu le cran nécessaire pour tourner le dos aux différents enchevêtrements de la France Afrique. Les choses ont donc continué à se dégrader. Et le sentiment anti-Français prenant encore plus d’ampleur. Chacune des coteries tirant à hue et à dia, l’observateur Africain était, pour le moins, déboussolé, pour ne pas dire pantois. L’éclair d’espérance a jailli quand un nouveau venu, en l’occurrence, Emmanuel Macron a osé proclamer que « la colonisation a été un crime contre l’humanité ». Tollé général dans l’Hexagone. Rétropédalage. Il n’a pas voulu dire contre l’humanité, mais contre « l’humain », ce qui, de notre point de vue, est encore plus grave, puisque ciblant le noyau dur de notre espèce. Tout n’est pas encore perdu. Il faut un électrochoc pour que le sentiment anti-Français vire de 1800. Emmanuel Macron a-t-il la volonté politique et la capacité matérielle de mener à bien cette lutte titanesque ? Curieusement, il en va de son propre destin. Réussir ou périr quoi qu’il en soit, tel un nid-de-pie (vigie) d’un navire, nous scrutons l’horizon pour déceler la moindre petite île où se serait refugiée la France, la vrai France…
La Rédaction