Depuis le 1er mars dernier, les devantures des services de pairies de Niamey grouille d’un monde fou qui donne l’impression d’une manifestation dans la rue. Certains sont debout, d’autres assis dans des coins ombrageux, en train de critiquer vertement le comportement des agents des paieries. Ce sont des retraités venus percevoir leur pension. Ce mercredi 8 mars, à la devanture de la pairie du Nouveau Marché, l’attroupement des retraités était impressionnant, mais nombre d’entre eux n’ont pas pu être servis jusqu’à la fermeture des guichets pour insuffisance de liquidité. Il leur faut encore revenir le lendemain pour faire le pied de grue pendant des heures, voire toute la journée, dans l’espoir d’encaisser la pension. H. Garba, un retraité de la Fonction Publique, fait partie des recalés du jour. ‘’Ça fait une semaine que je me pointe ici chaque matin et je retourne à la maison bredouille. Ce qui est choquant dans l’affaire, c’est la lenteur dans le paiement. Non seulement les guichets n’ouvrent pas très tôt, il faut attendre jusqu’au-delà de 9 voire 10 heures souvent, mais en plus il y a rarement suffisamment de liquidité pour servir un grand nombre de retraités par jour’’, fulmine Garba, se plaignant de la distance que certains parcourent pour venir à la pairie et poiroter toute la journée sans être satisfaits.
K. Adamou, lui, dit ne pas du tout comprendre ‘’cette affaire de rupture de liquidité’’. ‘’Quand le paiement des pensions débute, on suppose que les ressources financières disponibles peuvent suffire pour satisfaire tous les bénéficiaires sans aucune interruption brusque de l’opération’’, estime Adamou. Pour lui, ‘’la perception de la pension ne doit pas être un calvaire, une torture physique et morale comme c’est le cas présentement pour un retraité’’. ‘’Nous avons travaillé et cotisé pendant plus de 30 ans, ce n’est pas de la charité qu’on nous fait ; c’est la sueur de notre front’’, martèle-t-il. Faire des va et vient des jours durant entre son domicile et la paierie d’attache avant d’encaisser la pension est assurément un véritable parcours de combattant que les retraités domiciliés dans les banques ne vivent pas.