Il y a quelques semaines, le site d’info burkinabè Wakat Séra a résumé l’opération Barkhane ‘’nouvelle formule’’ en ces termes : « L’efficacité dans la discrétion ou l’art de faire beaucoup avec moins de présence, résume. […] L’expérience qui a tourné au divorce au Mali n’est pas étrangère à cette réorientation de la coopération militaire française sur le continent noir », note le journal. Paris a quitté le Mali sur la pointe des pieds, c’est le moins qu’on puisse dire. La France a très mal choisi l’angle sous lequel elle a placé sa coopération avec Bamako. « Arrivée à Kidal, la France a interdit à l’armée malienne d’[y] entrer. Elle a créé une enclave », a accusé le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, du haut de la tribune des Nations-Unies en octobre 2021. Le bouillant chef du gouvernement malien fait certainement allusion à ces propos prononcés en janvier 2013 par Attaye Ag Mohamed, membre du Conseil Révolutionnaire du Mouvement de Libération de l’Azawad (MNLA) : « Les Français sont les bienvenus [à Kidal], mais pas avec l’armée malienne ». La France a-t-elle contribué à la partition de fait du Mali ? Une chose est sûre, Paris ne veut plus se mettre à dos les populations du Sahel, celles du Niger en particulier. Consciente du fait qu’elle marche sur des œufs, la France tente de polir l’image de son armée précipitamment redéployée dans notre pays.
Paris fait désormais dans la transparence sur fond de profil bas : « Quinze opérations ont été conjointement planifiées et conduites dans la zone de l’opération Almahaou dans la période de juillet à octobre 2022 », indique un communiqué de l’état-major des armées du Niger. Pour quels résultats ? « Ces actions […] ont contribué à l’instauration d’un climat de sérénité ayant favorisé la reprise des activités agro-pastorales […] Des armes et des munitions, des moyens de communication ont été également saisis et une trentaine de suspects interpellés », précise le même communiqué. Pour se faire accepter des populations, Barkhane s’essaye également aux actions humanitaires via des « distributions de vivres et des consultations médicales gratuites dans la zone concernée ». Cela s’appelle une opération de charme. Barkhane s’est lancée à la conquête de l’opinion publique nigérienne. Une entreprise bien difficile, s’il en est. Pour mériter les applaudissements, Barkhane doit se surpasser en engrangeant des victoires décisives et probantes. Les récentes attaques perpétrées à Tizigorou (Banibangou) et Tamou (Say) donnent du grain à moudre à ceux qui doutent de l’efficacité de la présence militaire française dans notre pays. Il est évident que Barkhane est loin de gagner la sympathie de l’opinion publique nigérienne.