’Les combattants du groupe État islamique au grand Sahara ont pris la localité malienne de Tidermène, isolant la ville de Ménaka dans une région du nord-est passée presque entièrement sous le contrôle de État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS)’’, rapportent des médias français. Question : Ménaka va-t-elle tomber sous la coupe des djihadistes ?
Ce scenario a été prophétisé par le chef de l’État du Niger il y a des mois de cela. En effet, dans une interview conjointe à RFI et France 24 accordée à New York à l’occasion de l’AG de l’ONU, en septembre 2022, Mohamed Bazoum, a affirmé que, dans le Nord-Est du Mali, « la situation dans la région de Ménaka s’est totalement dégradée depuis le départ de Barkhane ». Le chef de l’État nigérien a précisé : « Les forces armées maliennes sont à Ménaka, elles y seraient avec leurs supplétifs russes, mais cela n’a pas empêché cette dégradation et jamais la tension entre communautés peul et touareg n’a été aussi vive qu’aujourd’hui. Il y a des risques de massacres à grande échelle entre ces communautés » Les cités de Ménaka et de Gao pourraient-elles tomber aux mains des djihadistes ?
« Ménaka, c’est très probable », a répondu le président du Niger. « Je suis convaincu que les jihadistes de l’EIGS comptent attaquer Ménaka. Ils en sont militairement capables. Je ne pense pas qu’ils soient capables d’attaquer Gao, mais ils ont réalisé de grandes avancées autour de Gao », a-t-il conclu. Voilà que les prédictions de Bazoum Mohamed prennent de la consistance ces jours-ci. Selon plusieurs sources, Ménaka serait désormais « encerclée » par l’État Islamique au Grand Sahara, poussant des centaines de personnes à fuir leurs différents cercles. « Avec cette prise de Tidermène, c’est toute la région de Ménaka qui est encerclée… une région de 80.000 km². C’est toute cette zone qui échappe au contrôle non seulement des mouvements armés, notamment du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), mais aussi de l’armée malienne », a déclaré un ressortissant de la région. Contacté, le colonel major Issa Tembiné, gouverneur de la région de Ménaka affirme de son côté qu’il n’y a pas de pression dans la ville de Ménaka et que les populations vaquent normalement à leurs occupations. Mais pour combien de temps ? « […] La volonté de Bamako de faire sortir les Français et de limiter l’action de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, ndlr) a permis au groupe État islamique d’augmenter son rayon d’action », estime un journaliste français. À Ménaka, l’on croise les doigts.