Trois ans durant, le Prix Mo Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique (une récompense d’une valeur de 5 millions de dollars US versée sur dix ans) est resté sans récipiendaire avant d’être attribué à Issoufou Mahamadou en 2020. Ça été un déferlement médiatique inouï au Niger. En matière de flagornerie, les ‘’communicants’’ au service du régime d’antan se sont surpassés.
Entre qualificatifs élogieux, épithètes valorisantes et qualités hors pair, Issoufou Mahamadou a été littéralement déifié par ses partisans. « […] Le président Issoufou a su conduire ses concitoyens sur la voie du progrès. Après mûre réflexion, le Comité a considéré que le président Issoufou est le digne lauréat 2020 du Prix Ibrahim », a déclaré Festus Mogae, président du Comité du Prix et ancien président du Botswana. Il faut le dire, l’ex chef de l’État ne peut rêver meilleure récompense. C’est à croire qu’Issoufou Mahamadou s’est personnellement arrangé cette ‘’sortie de scène’’ après ses deux mandats à la tête du Niger. On le sait, l’homme de Dan Dadji veut marquer l’Histoire à tout prix : « Mon vœu le plus cher, c’est qu’à la fin de mon mandat (…), je laisse un Niger radicalement transformé, un Niger où les inégalités auront reculé et la classe moyenne se sera renforcée, un Niger uni, en paix et en sécurité », a-t-il dit dans son discours de ‘’réinvestiture’’ le 02 avril 2016. Le Niger n’est certainement pas devenu un pays de Cocagne, mais l’ancien président de la République, lui, a eu son ‘’Prix Mo’’ qui lui a été officiellement remis ce 28 avril 2023 lors d’une cérémonie organisée à Nairobi au Kenya. La fête aurait pu être plus belle sans cette ‘’révélation’’ d’Africa Intelligence relativement à l’affaire Uraniumgate et ses pots de vin présumés. D’après ce journal : ‘’un nom de code que des éléments de l’enquête américaine tendent à attribuer à l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou. Actuel médiateur de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Burkina Faso, il se retrouve suspecté d’avoir perçu2,6 millions de dollars virés par Energy Standard Trading FZE sur un compte de la Standard Chartered Bank de Dubaï’’. Pour un article assassin, c’en est un. Il y a de quoi émousser la joie des soutiens de l’ancien chef de l’État. L’on comprend pourquoi les préparatifs du ‘’retour triomphal’’ prévu pour célébrer le fameux Prix ont été abandonnés. Issoufou Mahamadou a regagné Niamey sans tambour ni trompette. Pourtant, Dieu sait combien il affectionne les accueils grandioses et autres bains de foule XXL. Africa Intelligence a bien torpillé la fête projetée en l’honneur d’Issoufou Mahamadou.