Issoufou Mahamadou s’en est allé du pouvoir avec le trophée du gaspillage des deniers publics entre les mains. Pour ne citer que quelques exemples, le parrain de la Renaissance a injecté pas moins de 450 milliards FCFA dans l’organisation du 33e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) tenu du 4 au 8 juillet 2019 à Niamey. Il a conclu avec Bolloré le deal le plus opaque de toute l’histoire de notre pays. À ce jour, aucun nigérien ne connaît le coût de cet amas de ferraille abusivement appelé ‘’voie ferroviaire’’. Issoufou Mahamadou ne s’est pas contenté de prendre des libertés avec l’argent du contribuable, il en a fait sa cagnotte personnelle.
« Lorsque vous avez la chance d’être le seul que 20 millions de Nigériens ont choisi, vous devez être neutre, vous devez être objectif, vous devez traiter ces gens en ayant peur de Dieu », a dit Bazoum Mohamed comme pour se démarquer de son prédécesseur et mentor. Seulement, les Nigériens risquent fort d’être déçus par le successeur d’Issoufou Mahamadou singulièrement en ce qui concerne la gestion des fonds publics. La rumeur de la création d’un Sénat au Niger devient de plus en plus persistante ces semaines-ci. De quoi parle-t-on au juste ? En France, le Sénat « assure la représentation des collectivités territoriales de la République (…) En ce qui concerne la fonction de contrôle de l’exécutif, les sénateurs disposent des mêmes moyens de contrôle dits informels que les députés (questions au gouvernement, création de commissions d’enquête, etc.), mais ils n’ont pas la compétence, dont dispose l’Assemblée nationale, de renverser le gouvernement. » En somme, la frontière entre les deux institutions est bien mince. D’où le débat en France (et ailleurs dans le monde) autour de la suppression du Sénat. Alors question : pourquoi l’idée d’un Sénat au Niger si même les grandes démocraties n’en voient plus l’utilité ? Créer une telle entité, c’est faire exploser le budget de l’État sans plus-value aucune pour le fonctionnement du pays. Pourquoi rajouter d’autres ‘’représentants du peuple’’ (payés à ne rien faire) aux 171 déjà existants ? Ces questions sont adressées à Bazoum Mohamed qui a fait de la rectitude morale sa boussole. A-t-on besoin de Sénat quand des villages entiers sont vidés de leur population du fait du terrorisme ? Les Nigériens sont en quête de paix, il veulent manger à leur faim, avoir accès aux soins de santé, avoir de l’eau potable, une école pour leurs enfants, le Sénat est un luxe qu’ils ne peuvent s’accorder. Avant de se lancer dans cette aventure, le chef de l’État doit réfléchir à deux fois pour ne pas essuyer davantage la colère du peuple.