Doit-on croire que tout est beau, tout est rose au Niger ? Oui, selon le dernier rapport de la Cellule d’Analyse des Politiques Publiques et d’Évaluation de l’Action Gouvernementale (CAPEG). Les 115 pages de ce document sont une succession infinie de superlatifs, d’épithètes louangeuses, abondamment décernés au gouvernement dirigé par Ouhoumoudou Mahamadou. Pas un seul domaine (gouvernance économique, justice et droits humains, gouvernance politique et administrative, éducation et formation, santé, eau et assainissement, agriculture, élevage etc.) passé au crible par la CAPEG n’a fait l’objet de la moindre remarque dépréciative.
Le gouvernement a été performant à tous les niveaux et dans tous les secteurs. C’est du moins la lecture que suggère le rapport sur la performance de l’action gouvernementale 2021-2022. C’est donc tout naturellement que la CAPEG a tiré une conclusion flatteuse : « La mise en œuvre du Programme de Renaissance III est intervenue dans un contexte marqué par des défis sécuritaire, climatique et géopolitique. Néanmoins, des résultats satisfaisants ont été enregistrés dans tous les domaines socioéconomique et politique. En matière de mobilisation, de mise à disposition et d’utilisation des ressources budgétaires, des montants conséquents des recettes internes et des ressources extérieures ont été recouvrés, et les taux de libération et de consommation des crédits ont connu des progressions sur la période […] En dépit des chocs exogènes, l’économie nigérienne a enregistré le taux de croissance le plus élevé de l’espace UEMOA en 2022 », apprend-on.
Pour un certificat de satisfecit, Ouhoumoudou Mahamadou et ses ministres ne peuvent rêver mieux. Tout est beau, tout est rose, l’action gouvernementale sur la période 2021-2022 a été parfaite sur toute la ligne. Mais qu’en pensent les ‘’bénéficiaires’’ ? Quel regard les 22 millions d’âmes qui peuplent le Niger portent-elles sur l’action gouvernementale ? Il est évident que le quotidien de l’écrasante majorité des citoyens est resté le même que durant la décennie écoulée, pour ne pas parler de détérioration des conditions de vie. Il est évident que le Niger n’est pas ce pays de Gascogne que dépeint la CAPEG dans son rapport. Il est évident que les ‘’ressources budgétaires mobilisées et mises à disposition’’ n’ont pas véritablement changé la vie des citoyens. Il est si facile de peindre la réalité en rose quand on est retranché dans le confort douillet d’un bureau à Niamey, loin des préoccupations tenaillantes de ces millions de citoyens qui font le ‘’Niger profond’’. La CAPEG a fait son job qui consiste à encenser le gouvernement, on ne peut la blâmer d’avoir travesti la réalité. Mais l’on doit rappeler au président de la République ceci : les Nigériens attendent plus et mieux de lui.