« Il n’y a jamais eu de grands hommes vivants. C’est la postérité qui les fait », a écrit Gustave Flaubert. Issoufou Mahamadou doit certainement aimer cet adage du célèbre romancier Français : « J’espère que j’aurai la chance de rentrer dans l’Histoire comme étant le premier président du Niger qui aurait passé, de manière pacifique, le témoin à son successeur », a souhaité l’ancien président de la République.
C’est chose faite. « Il ferait, si tout se passe dans les règles jusqu’à son retrait du pouvoir, en avril 2021, un lauréat présentable du prix Mo Ibrahim, récompensant la bonne gouvernance et le leadership démocratique », a prophétisé Jeune Afrique au sujet d’Issoufou Mahamadou. C’est fait aussi. Il faut dire que l’ancien chef de l’État adore donner des ‘’coups de pouce’’ à l’Histoire afin qu’elle lui réserve une place de choix dans le Panthéon des grands dirigeants Africains. « J’ai fait construire 15.000 classes lors de mon premier quinquennat. De 1960 à 2010, l’État n’en avait créé que 20.000 », a-t-il laissé entendre tout en omettant de mentionner les dizaines de milliers de classes en paillotte qu’il a léguées à son successeur. C’est clair, Issoufou Mahamadou s’est toujours voulu une place dans l’Histoire. Ce 28 avril 2023, le Prix Mo Ibrahim lui a été officiellement remis pour ‘’son bilan en faveur de la croissance économique du Niger. Et pour son respect de la transition démocratique. Il a été président du pays pendant 10 ans et n’a pas souhaité faire de troisième mandat’’. Le 9ème président du Niger, qui raffole des feux de la rampe, ne peut rêver de plus belle couronne de laurier. Seulement, peu avant cette cérémonie qui s’est tenue à Nairobi (Kenya), un scandale vieux d’une décennie a subitement refait surface dans la presse. D’après Africa Intelligence (A.I.), plusieurs enquêtes menées par les autorités américaines et françaises révèlent des détails sur les bénéficiaires d’opérations menées par Areva au Niger en 2011. Parmi ceux qui auraient touché des bakchichs dans cette affaire, figure un certain T3. ‘’Un nom de code que des éléments de l’enquête américaine tendent à attribuer à l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou. Actuel médiateur de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Burkina Faso, il se retrouve suspecté d’avoir perçu 2,6 millions de dollars virés par Energy Standard Trading FZE sur un compte de la Standard Chartered Bank de Dubaï’’, rapporte A.I. Accusation gravissime, s’il en est. Il est certain que ce ‘’rebondissement’’ de l’Uraniumgate a quelque peu ébranlé Issoufou Mahamadou au moment même où il est vanté pour son ‘’leadership hors du commun’’. Comme quoi, l’actualité peut parfois jouer de mauvais tours.