Ce 24 septembre 2022, le Premier ministre malien par intérim ne s’est pas contenté de tancer quelques personnalités mondiales de premier rang. Abdoulaye Maïga a aussi mis en garde ceux qui seraient tentés de s’en prendre encore à son pays. Aux donneurs de leçons et autres critiques acerbes, le chef du gouvernement malien a promis qu’ils feront face à « des millions de Assimi Goïta, soucieux de défendre leur honneur, leur dignité et leurs intérêts vitaux. » Et d’ajouter : « Le Mali et son peuple ne seront pas des spectateurs face aux assauts et l’adversité : pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité, pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité. » Les choses sont claires, Bamako opte pour la loi du talion. S’agissant du 3è mandat du président ivoirien, Abdoulaye Maïga a parlé de ‘’farce électorale’’ suivie d’une « chasse impitoyable aux opposants politiques, dont certains sont arrêtés, d’autres s’exilent, et d’autres assassinés. Les allégeances sont obtenues grâce au pouvoir de l’argent, le clientélisme et les intimidations. » Malgré la virulence de cette charge dirigée contre Alassane Ouattara, les réactions n’ont pas foisonné du côté d’Abidjan. Par contre, l’indignation a atteint son paroxysme dans les rangs des soutiens de Bazoum Mohamed, rudement malmené par le Premier ministre malien.
Le député Mahmoud Saghdoun, certainement un des visiteurs du soir du président de la République, s’est englué dans le jusqu’au-boutisme au point de demander la rupture des relations diplomatiques entre le Niger et le Mali. Mais tout laisse deviner que le régime de Niamey n’est pas sur le sentier de la guerre diplomatique, au grand dam des faucons de la Renaissance 3. « La déclaration en question [celle du premier ministre malien] n’a donné lieu et ne saurait donner lieu à une quelconque réaction de la part du Gouvernement du Niger », lit-on dans un communiqué signé du porte-parole du gouvernement relatif à la suspension du transit des carburants vers le Mali. Niamey a fait d’une pierre deux coups, pour ainsi dire. Non seulement l’imbroglio autour des hydrocarbures a été levé, les autorités du Niger ont aussi donné l’assurance que la brouille naissante avec le Mali est bien derrière elles. C’est tout à l’honneur de Bazoum Mohamed d’enterrer la hache de guerre. La moindre persistance du bras-de-fer avec Bamako, risque d’écorner l’image du président nigérien plus qu’elle ne l’est aujourd’hui. La junte malienne n’a rien à perdre, pour ainsi dire. Bien au contraire, toute escalade verbale profite amplement à Bamako. Les colonels maliens ne demandent qu’à se faire entendre, par tous les moyens d’ailleurs. Tout est bien qui finit bien, pourrait-on dire. Bazoum Mohamed agite le drapeau blanc.