Tout en haut des promesses non tenues par le précédent chef de l’État on y trouve son serment de faire du Niger ‘’le tombeau de Boko Haram’’. Issoufou Mahamadou est parti en laissant un pays au creux de la vague, coincé dans la spirale des attaques djihadistes. Chinégodar avec 89 morts (8 janvier 2020) et Inatès avec 71 morts (10 décembre 2019), les pires pertes dans les rangs des soldats nigériens ont été enregistrées sous Issoufou Mahamadou. Le bilan des victimes civiles est tout aussi insoutenable. Le 21 mars 2021, plusieurs villages et campements de la région de Tahoua ont été la cible de multiples attaques : au moins 137 morts, selon un bilan officiel. Les premiers pas de Bazoum Mohamed en tant que chef de l’État ont été marqués du sang des victimes du terrorisme. Le 2 novembre 2021, quelque 69 personnes ont été tuées près de Bani Bangou (Tillabéri). Depuis quelques semaines (sinon des mois), on note une accalmie dans les attaques djihadistes. Les groupes terroristes sont dans une espèce d’hibernation. Boko Haram se fait discret dans la région de Diffa. Les éléments de l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) sont nettement moins actifs dans les régions de Tillabéri et Tahoua. À quoi doit-on lier cette désescalade de la violence terroriste observable ces temps-ci ? « J’ai libéré sept à huit personnes [terroristes] détenues dans les prisons de Kollo, de Koutoukalé et j’ai plein d’émissaires dans toutes les zones […] J’ai essayé des réconciliations dans les villages, je me débrouille comme je peux », a déclaré Bazoum Mohamed lors de la ‘’conférence des cadres’’ tenue ce 25 février 2022 à Niamey.
La baisse significative des attaques terroristes dans notre pays a-t-elle un lien avec la ‘’stratégie du dialogue’’ initiée par le président de la République ? D’aucuns pensent que oui. Un fait est cependant certain, cette accalmie est trompeuse. Le ciel est encore très nuageux. Les terroristes sont dans une logique de vraie-fausse trêve. Ils attendent des moments plus propices au fonctionnement de leur entreprise criminelle. On sait que la saison des pluies limite considérablement les mouvements des djihadistes lesquels se déplacent principalement sur des motocyclettes. Le président de la République ne doit pas tenir pour acquis le calme relatif qui règne sur nos villages et hameaux. Le monstre terroriste n’est pas mort, il n’est même pas affaibli. Plus que jamais, la vigilance doit être de mise. Les nébuleuses criminalo-terroristes n’ont pas rendu les armes, et elles ne comptent pas le faire de sitôt. « On ne négocie pas avec un tigre quand on à la tête dans sa gueule », Bazoum Mohamed doit constamment se remémorer cette locution attribuée