Ce 28 mai 2022, l’Union africaine (UA) a tenu un sommet sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels à Malabo, en Guinée équatoriale. Les dirigeants africains ont fait un pied de nez à la démocratie en organisant une telle rencontre chez Teodoro Obiang Nguema, un putschiste qui tient son pays d’une main de fer depuis plus de 42 ans. S’exprimant sur les sujets à l’ordre du jour, Bazoum Mohamed a livré une analyse pour le moins simpliste de la situation sécuritaire dans notre sous-région. « […] Le terrorisme sahélien est entaché de tares congénitales qui le privent de toute capacité de devenir un mouvement politique viable à même de mettre en place des structures administratives susceptibles de fonder et gérer un État », a déclaré le président de la République. Le but des écervelés qui ne cessent d’endeuiller et de dépeupler nos villages n’est pas de créer une entité étatique quelconque. Iyad Ag Ghali, Amadou Koufa et tous les autres monstres qui dirigent les Katiba ne visent qu’à semer la terreur, la désolation et la mort. Sur ce point, contrairement à ce que Bazoum Mohamed laisse entendre, l’objectif des terroristes est largement atteint. Concernant les instabilités politiques ponctuées de coups d’État, le président de la République a fait passer les militaires pour des perturbateurs, des freins à l’éclosion de la démocratie : « Dans le contexte de nos démocraties entachées assez souvent de pratiques de gouvernance pas toujours vertueuses, de logiques d’éternels bras-de-fer entre pouvoirs et oppositions, de l’activisme de sociétés civiles hyperpolitisées et de mal vivre de la jeunesse, des militaires peuvent aisément se poser en sauveurs de la nation », a dit Bazoum Mohamed. Et d’ajouter : « Mais à l’expérience, au vu de ce qui s’est passé jusqu’ici, ces militaires en déstabilisant les institutions affaiblissent les États et renforcent les groupes terroristes. Ils ne sont donc nullement une solution ni pour lutter contre le terrorisme encore moins pour promouvoir la bonne gouvernance. Ils constituent assurément un facteur de régression pour l’État de droit et la démocratie et exposent les pays à des périls inédits. » Les militaires n’ont pas leur place dans la sphère politique, c’est clair. Sauf que Bazoum Mohamed oublie de souligner l’incapacité notoire des hommes politiques à subvenir aux besoins fondamentaux de leurs populations. Au nom justement de la démocratie, une poignée d’individus (une camarilla) prend en otage des pays entiers. C’est cela la réalité sous nos tropiques. Les maux qui minent nos sociétés ont pour origine première la mal gouvernance. Les militaires ne sont pas près de remiser leurs armes et se fondre dans le moule républicain aussi longtemps que nos États resteront sous la coupe de politiciens véreux.