En visite au Mali, le 7 septembre 2019, le président Issoufou Mahamadou avait affirmé : « Le statut de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. Et en plus, nous constatons, avec beaucoup de regrets, qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui ont une position ambigüe et qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui sont de connivence avec les terroristes. Nous ne pouvons plus l’admettre ».
Ces propos ont provoqué une grosse indignation à Kidal. Une chose est certaine, l’idée d’un État indépendant sorti des flancs du Mali, pose problème à Bamako. En janvier 2012, les rebelles Touaregs du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) s’allient avec certains éléments affiliés aux groupes djihadistes ayant prêté allégeance à Al Qaïda pour chasser les forces armées du Mali de la partie nord du pays. Le 6 avril 2012, le MNLA proclame unilatéralement ‘’l’indépendance de l’Azawad’’. L’Accord d’Alger de juin 2015, censé ramener la paix et la réconciliation au Mali, n’a jamais été véritablement mis en œuvre par les parties en conflit que sont Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Toutes les tentatives de l’armée malienne et ses supplétifs (dont le Groupe d’auto-défense Touaregs Imghads et alliés, GATIA) pour entrer dans Kidal sont restées vaines. En août 2015, l’ONU a annoncé la création d’une “zone de sécurité’’ autour de Kidal, la capitale autoproclamée de l’Azawad. La France soutient-elle les indépendantistes Touaregs ? Beaucoup de Maliens sont convaincus de l’appui, d’une manière ou d’une autre, de Paris au profit de Kidal. Il est évident qu’il existe un lien certain entre les Touaregs et l’ancienne puissance coloniale : « Façonnée durant la conquête coloniale, la légende des Touaregs, essentialisés en ‘’valeureux combattants du désert’’, est restée gravée dans la mémoire de l’armée française. Même après les indépendances, les militaires et les agents secrets, souvent fascinés, n’ont jamais rompu les liens avec eux. Ils les ont réactivés quand la France en a eu besoin ces dernières années, en Libye et au Mali », écrit le journaliste Rémi Carayol. « Kidal sous tension après le survol d’un avion de l’armée malienne ce mercredi 5 avril dans l’après-midi », rapportent les médias. Les supputations les plus folles vont bon train. La CMA parle dans un communiqué de « provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale garante des arrangements sécuritaires et de l’accord pour la paix ». Il est clair que pour Bamako la sécession de son territoire national n’est pas une option envisageable. Le projet d’un Azawad indépendant, détaché de l’État malien, n’est-il pas un mirage après lequel court la CMA ?