Près de 9 mois après l’avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) au pouvoir, les signes d’une embellie économique et sociale tardent à se manifester.
Une ‘’forte adhésion populaire’’
En prenant le pouvoir ce 26 juillet 2023, les militaires ont fait le serment d’un ‘’Niger nouveau’’, de prendre à bras-le-corps les attentes des citoyens, d’en faire leurs priorités absolues. « Jamais dans l’histoire récente de notre pays, un évènement n’aura reçu une telle adhésion populaire spontanée et massive comme celui du 26 juillet 2023 », s’est félicité le général Abdourahamane Tiani dans son discours à l’occasion de la célébration du 65e anniversaire de la Proclamation de la République. Sauf que cette ‘’forte adhésion populaire’’ cache une multitude d’espoirs dont la satisfaction ne peut être reportée indéfiniment. Le Niger n’a jamais été un pays de Cocagne, c’est peu de le dire. Nous avons le plus faible Indice de Développement Humain (IDH) au monde. C’est dire que la pauvreté est endémique chez nous. Ces mois-ci, tout semble indiquer que la pauvreté s’est un tantinet accentuée dans les foyers nigériens.
Se serrer la ceinture
Dès les premières semaines de l’entrée en vigueur des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et la suspension des financements internationaux, le coût de la vie s’est littéralement envolé au Niger. La fermeture des frontières a provoqué une hausse des prix des produits de première nécessité singulièrement les produits vivriers (riz, mil, maïs, lait, sucre). Ces mesures de rétorsion pour le moins sévères ont exacerbé l’inflation. Sous pression de toutes parts, les autorités n’ont fait que dénoncer des ” sanctions illégales, inhumaines et humiliantes “. Il est évident que la fermeture de la frontière avec le Bénin a asphyxié des pans entiers de l’économie de notre pays. La montée en flèche du prix du sac de riz est, sans nul doute, l’une des conséquences les plus intenables des sanctions de la CEDEAO. Face à la bronca des ménages nigériens, le ministère du commerce a, par arrêté ce 21 Février 2024, fixé le prix le plus bas de 13 500 f CFA et le plafond de 14 375f CFA le sac de 25 kg de riz importé 25% et 5%, selon les régions. Dans les faits rien n’a changé. Les prix des aliments de base n’ont point chuté. Les Nigériens continuent de se serrer la ceinture encore et encore. Jusqu’à quand ? C’est toute la question.
Pas d’embellie à l’horizon
Si le sac de riz est aujourd’hui quasi inaccessible aux foyers nigériens moyens, les coupures d’électricité, elles, concernent tout le monde. Malgré la levée des sanctions avec ‘’effet immédiat’’ décidée par les chefs d’États et de gouvernement de la CEDEAO ce 24 février 2024, la fourniture de l’électricité (importée du Nigeria à près de 70 % des besoins du Niger) reste erratique. Les prestations de la Nigelec sont de loin en deçà de la demande des consommateurs. Sur tout autre plan, la fin du gel des avoirs financiers et monétaires de l’État du Niger à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) n’a pas permis à l’économie nationale de reprendre des couleurs. Les banques n’ont visiblement pas surmonté le problème de manque de liquidité auxquelles elles ont été exposées au plus fort des sanctions de la CEDEAO. En un mot, l’embellie économique et sociale tarde à se manifester. Face à l’absence de perspectives heureuses, les citoyens contiennent mal leur impatience. Les promesses faites par le général Abdourahamane Tiani ne sont toujours pas visibles : « Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie s’est engagé à convoquer un Forum National Inclusif pour faire le diagnostic de la situation du pays née de la mal gouvernance des régimes passés. Il proposera des réformes nécessaires pour le futur avec une feuille de route pour la transition et un programme stratégique d’actions pour la refondation de l’État. Ces assises seront bientôt convoquées », a déclaré le patron de la junte. Plusieurs mois après, les jalons de ce grand conclave national annoncé ne sont pas sortis de terre. Le CNSP manque-t-il de cap précis ? C’est la question que se pose une grande partie de l’opinion nationale. D’aucuns parlent d’un quotidien désenchanté.