Dans notre parution du 12 janvier 2023 et dans celle du 6 février 2023, nous faisions cas d’un rapport d’enquête de la HALCIA relativement à une présomption de fraude au concours direct d’entrée à l’École Nationale d’Administration (ENA), session 2022. Suite à une auto saisine sur ces faits présumés de fraude et de corruption, le président de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA) a instruit le Département Investigations de vérifier si les allégations sont fondées et le cas échéant d’en situer les responsabilités. C’est ainsi que plusieurs personnes ont été auditionnées dans cette affaire, notamment des élèves, des membres de la commission d’organisation, des correcteurs, ainsi que les premiers responsables de l’ENA, en l’occurrence le Directeur général et le Secrétaire général. Il ressort de l’examen des copies les anomalies suivantes : des notes expressément majorées par des correcteurs ; des notes expressément falsifiées par des agents de saisie (membres de la commission d’organisation du concours) ; des copies substituées par des cadres de l’ENA ; des notes falsifiées sur des copies. Sommés de s’expliquer, le Directeur général et le Secrétaire général de l’ENA ont rétorqué qu’ils ont « répondu à une sollicitation extérieure et qu’ils ne peuvent pas donner les identités des personnes concernées », et ils « assument pleinement les responsabilités morales et administratives des faits commis ».
Convoqués par un juge d’instruction du Tribunal de Grande Instance de Niamey, les deux principaux responsables de l’ENA ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt ce 15 février 2023 à la prison civile de Niamey. L’information judiciaire ouverte va déterminer le sort réservé aux autres protagonistes de cette affaire ?
La justice s’active
Entre une implication présumée dans une fraude au concours et des soupçons de tentative d’atteinte à la sûreté de l’État, la justice s’affaire sur deux dossiers diamétralement opposés. Il est évident que l’institution judiciaire de notre pays tourne à plein régime ces semaines-ci. La lutte contre la corruption prônée par Bazoum Mohamed commence à prendre forme, disent certains observateurs. Doit-on s’attendre à une totale impartialité sur toute la ligne ? C’est le vœu de la grande majorité des Nigériens.