La démocratie nigérienne est malade. Le diagnostic n’est pas nouveau mais les actes posés par les dirigeants semblent nous conforter chaque jour dans notre conviction. Le problème est tout aussi institutionnel que personnel, ce qui le rend particulièrement complexe à résoudre.
Notre pays figure parmi les nations les plus pauvres de la planète, avec une population confrontée à de nombreux défis. La situation sécuritaire est préoccupante en raison de la présence de groupes armés dans la région, tandis que l’insécurité alimentaire touche plus de 4,6 millions de personnes, rendant leur quotidien difficile. Le chômage endémique des jeunes et la cherté de la vie constituent également des problèmes récurrents auxquels les citoyens sont confrontés.
Le système de santé est défaillant, avec un manque criard de ressources, d’infrastructures et de personnel qualifié pour répondre aux besoins de la population. L’éducation, elle aussi, est en perdition, avec des écoles mal équipées et un manque d’enseignants qualifiés.
Dans ce contexte difficile, il est surprenant de constater que les dirigeants décident de construire un nouveau palais présidentiel à plus de 40 milliards de F CFA. Cet investissement colossal soulève des questions quant à l’utilisation optimale des ressources du pays et aux priorités du gouvernement.
De plus, l’achat de matériel d’écoute pour surveiller la population témoigne d’un climat de méfiance et de répression de la part des autorités et atteste que les dirigeants sont à des années lumières des préoccupations essentielles du peuple. Cette mesure pourrait aussi avoir pour conséquence d’affaiblir davantage la confiance entre les citoyens et l’Exécutif.
Chacun constate donc que notre démocratie est malade. La voie vertueuse serait que les priorités de ce pays soient réorientées vers l’amélioration des conditions de vie de la population et la résolution des problèmes urgents tels que la lutte contre le terrorisme, l’insécurité alimentaire, le chômage des jeunes et le renforcement des systèmes de santé et d’éducation. Pour ce faire, un dialogue ouvert et constructif mobilisant les dirigeants et la société dans son ensemble est essentiel pour établir des priorités et des objectifs communs, afin de construire un avenir meilleur pour tous les Nigériens. S’il est nécessaire, ce sursaut démocratique apparaît hélas assez improbable.