Quatre mois après le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, le dialogue entre le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) semble désespérément embourbée dans une impasse diplomatique. Malgré les efforts de médiation, aucune avancée concrète n’a été observée. En effet, trois réunions cruciales ont été manquées, mettant en évidence une réticence marquée du CNSP à s’engager dans le processus de dialogue initié par la CEDEAO.
L’attitude du CNSP, qui a décidé de ne pas honorer les invitations à Abuja pour des discussions avec les représentants de la CEDEAO (les ministres des Affaires étrangères Yusuf Tuggar (Nigeria) et Shegun Bakari (Bénin)), reflète non seulement un snobisme diplomatique mais aussi une méfiance croissante envers l’efficacité de l’organisation sous-régionale en tant que médiatrice fiable.
Dans ce contexte de défiance, Niamey a préféré se tourner vers le Togo, cherchant une médiation alternative auprès de Faure Gnassingbé. Cette démarche illustre la perte de confiance envers l’organisation sous-régionale, soulignant la recherche de partenaires jugés plus fiables ou plus alignés avec les intérêts actuels du CNSP. Cette orientation vers Lomé, au lieu de s’appuyer sur les mécanismes établis de la CEDEAO, a suscité des réactions mitigées parmi les membres de l’organisation, certains déplorant une démarche jugée individualiste et divergente des intérêts collectifs de la région.
En conclusion, le snobisme du CNSP à l’égard de la CEDEAO n’est pas seulement un échec diplomatique, un acte de défiance politique ; c’est le symptôme d’une organisation qui perd progressivement son influence dans une région en pleine mutation, révélant ainsi son incapacité à mobiliser ses membres autour d’une stratégie cohérente et efficace.
La nécessité de repenser et de renforcer les mécanismes de résolution des conflits au sein de la CEDEAO devient ainsi une priorité impérieuse.