Un début de mandat poussif. Des promesses non tenues. Un peuple laissé à lui‑même. Doucement, le chef de l’État cristallise les colères contre lui et sa façon d’exercer le pouvoir. Bazoum Mohamed s’intéresse plus à son prestige à l’international qu’il ne s’investisse à résoudre les problèmes de ses administrés. Un sentiment de déconnexion complète.
Le grand désenchantement
Ce 02 avril 2021, Bazoum Mohamed a terminé son discours d’investiture sous les vivats des Nigériens aux quatre coins du pays. Les mots, les promesses, le phrasé juste, ont marqué les esprits : « La viabilité et la pérennité du régime démocratique sont tributaires de notre capacité à instaurer une gouvernance éthique conforme au pacte de confiance qui nous lie au peuple. Je me suis battu depuis mon jeune âge pour la promotion de la démocratie, parce que j’en ai toujours espéré deux choses totalement inséparables : la liberté et la justice », a dit le président de la République fraîchement élu.
Le temps d’un discours, Bazoum Mohamed a renvoyé l’image d’un dirigeant tout acquis à la régénération de la démocratie dans notre pays. Seulement, l’enchantement des uns et des autres a été de courte durée. La désillusion s’est installée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Très vite, les citoyens ont découvert un président impuissant face aux problèmes dont l’acuité ne cesse de s’accroître. Sur le plan de la lutte contre le terrorisme, Bazoum Mohamed a eu une phrase devenue célèbre : « De tous les soucis que nous avons, le souci de l’insécurité dans la région de Tillabéri est la chose qui m’empêche le plus de dormir et sur laquelle je réfléchis le plus ».
Dans les faits, le Sud‐Ouest du Niger est devenu le ‘’terrain de jeu’’ des djihadistes.
En quête de prestige
S’agissant des revendications corporatistes et syndicales, le mchef de l’État est un interlocuteur quelque peu sourd et muet. Il préfère attendre de voir comment les choses tournent. Plutôt que de prendre les devants pour éviter les problèmes. Les grèves se multiplient, les remous sociaux s’accentuent dans l’indifférence totale du président de la République plutôt affairé à s’offrir un prestige à l’international.
Le journaliste français Olivier Dubois et l’humanitaire américain Jeffrey Woodke ont été libérés ce 20 mars 2023. L’implication personnelle de Bazoum Mohamed dans la libération de ces deux otages ne souffre d’aucun doute. En retour, le chef de l’État nigérien n’espère pas moins la gratitude de Paris et Washington : « Je viens d’échanger avec Olivier Dubois : il est en bonne santé. Soulagement immense pour la Nation, pour ses proches et ses confrères journalistes. Grande reconnaissance au Niger pour cette libération », a tweeté Emmanuel Macron. L’Ambassade des USA au Niger s’est faite le porte-voix du Secrétaire d’État Antony Blinken : « Les États‑Unis se félicitent de la libération de l’otage américain, Jeffery Woodke.Nous exprimons notre profonde gratitude et notre appréciation à nos partenaires nigeriens [..] », li t‐on. On le voit, à travers ces libérations coordonnées, tout l’objectif de Bazoum Mohamed est de se construire une aura à l’international.
Le peuple d’abord
Il y a de cela un mois, le régime en place s’est félicité de la libération d’Abdallah Mansour, ex chef de sécurité intérieure sous Mouammar Kadhafi. Le président de la République n’a pas caché sa joie d’avoir aidé à ce dénouement. C’est peu de le dire, s’il s’agit de moissonner des lauriers sur le plan international,
Bazoum Mohamed ne se ménage point. Par contre, il n’a aucun pouvoir pour ce qui est de voler au secours des Nigériens en proie à mille et un problèmes. Mais comment rester crédible sur la scène internationale quand on ne sait même pas mettre sa maison en ordre ? Quand on est un président paralysé sur la scène intérieure ?
Après deux (2) ans au pouvoir, le contraste est saisissant entre j’y n l’ambition affichée par Bazoum Mohamed et la maigreur des résultats. C’est le lieu de lui rappeler ce passage de son discours d’investiture : « Aujourd’hui que je suis à la tête d’un État réel, où il est question d’hommes et de femmes réels, en proie aux difficultés concrètes de la vie, mon devoir est d’agir de telle sorte que mes actes prennent en compte les intérêts du plus grand nombre ». Il est temps pour le président de la République d’agir dans le sens de prendre à bras‐le-corps les problèmes de ses administrés.