Sept (7) chauffeurs et apprentis tués froidement, sept (7) camions citernes incendiés. C’est le macabre bilan d’une attaque perpétrée, dans l’après-midi du dimanche 3 mars 2024, entre Kongotchiré et Koutougou, à une trentaine de km de la localité d’Ayorou, par des terroristes à motos.
Les camions citernes ont quitté Gao (Mali) à destination de Niamey lorsqu’ils ont été pris pour cibles par une bande d’assaillants armés aux guidons de plusieurs motos qui les ont immobilisés sur la voie en tuant les chauffeurs et apprentis, avant de les incendier.
Le 19 janvier dernier, des camions de marchandises diverses en provenance du port via le Burkina Faso ont connu le même sort. Ils ont été interceptés et brûlés par des assaillants armés dans les environs de Téra, des chauffeurs ont trouvé la mort dans l’attaque barbare, rappelle-t-on.
Ce mercredi 6 mars 2024, c’est la position de l’armée malienne au niveau du poste frontalier de Labbezanga, cercle d’Ansongo, qui a essuyé une attaque terroriste. Les assaillants, qui ont été confrontés à une farouche résistance des Forces armées maliennes (FAMas), ont été totalement décimés grâce à l’appui d’un détachement des forces armées nigériennes basé à Ayorou, apprend-on.
Tout récemment encore, ce sont des paysans de confession chrétienne de deux villages burkinabè, qui ont été froidement massacrés par des bandes criminelles dans des églises et des domiciles.
Le bilan des attaques s’établit à plus d’une centaine de morts. Cette recrudescence subite des attaques terroristes dans les localités frontalières partagées par les trois pays du Sahel suscite beaucoup d’interrogations. D’où sortent-ils pour perpétrer leurs attaques en hordes ? Qui les pourvoit en armes et en munitions de guerre ainsi qu’en moyens roulants leur permettant de conserver encore une capacité de nuisance exceptionnelle comme le prouvent ces attaques récurrentes contre des cibles fixes et mobiles alors qu’ils sont régulièrement décimés, en grand nombre, par les vecteurs aériens des trois pays ?
Dans cette série d’interrogations, la certitude irréfutable, c’est que les combattants de ces groupes criminels vivent dans des planques cachées dans la zone et probablement même dans les villages avec les populations innocentes, qui les connaissent mais n’osent pas les dénoncer de crainte d’être tuées. Comme l’attestent les arrestations fréquentes de combattants terroristes ou de complices par les Forces de défense et de sécurité (FDS) lors de leurs opérations de terrain, dans des villages ou des marchés. L’autre certitude, c’est qu’ils se déplacent d’une zone géographique à une autre pour commettre leurs crimes.
C’est dans ce contexte très difficile que se tient la toute première réunion du Conseil des chefs d’Etats-majors des armées des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), dont les travaux ont débuté ce mercredi 6 mars 2024 à Niamey.
Laquelle rencontre a été convoquée pour examiner et adopter les propositions et recommandations formulées par celles des hauts fonctionnaires et des ministres de l’Alliance relatives à la création des conditions de stabilisation et de développement intégrés de l’espace. Il s’agit, à l’issue du conclave des chefs d’Etats-majors des armées, de définir un schéma des forces à mettre en place, pour assurer efficacement la sécurisation du territoire de l’Alliance des Etats du Sahel, indique-t-on.
L’initiative est louable. Pourvu seulement qu’elle ne ressemble pas à celles qu’on a connues avec la défunte force du G5 Sahel où les Chefs d’Etats, les ministres et les hauts fonctionnaires de l’espace se réunissent périodiquement pour disserter sur des théories pendant que les groupes terroristes s’adonnaient allégrement au massacre des populations civiles.
Les forces de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) doivent fournir des résultats concrets. Elles doivent se doter de moyens et de stratégies novatrices pour en finir rapidement avec l’hydre terroriste et prouver à la face du monde que la quête de leur souveraineté pour laquelle luttent ardemment les trois pays n’est pas un simple slogan. Qu’ils sont capables de défendre l’intégrité de leurs territoires sans l’appui d’aucune force militaire étrangère, après avoir y bouté les troupes françaises suspectes.